2023
Nous ne pensions pas en 2015 après avoir effectué un séjour de création artistique à la Ferme Courbet à Flagey que ce stage déboucherait, en 2023, sur une collaboration avec Jean Rime pour son livre Monsieur Courbet déboulonne Fribourg (à paraitre en mai 2023), Editions de Montsalvens, 300 pages dont les deux dernières consacrées à notre intervention en résidence d’artiste au MAHF. (Bernard Bailly)
Il aura fallu attendre la veille de l’impression de ce livre pour que j’aie connaissance de la démarche alors en cours d’un autre peintre, plus directement ancrée dans le territoire cantonal. À la fin janvier 2023 et pour plusieurs semaines, Bernard Bailly et son épouse Janet, domiciliés à Tentlingen, installent leurs pinceaux au dernier étage de l’hôtel Ratzé, invités par le Musée d’art et d’histoire de Fribourg en résidence d’artistes afin de préparer l’exposition commune que leur consacre l’institution sur le thème Sarine – Saane du 30 mars au 4 juin 2023. Dans le prolongement d’un travail amorcé l’année précédente, Bernard Bailly explore le motif de l’arbre en fusionnant la « peinture d’après nature » pratiquée avec son épouse et une « peinture d’après peinture », où son esthétique volontiers « réaliste-romantique » s’étaie de références puisées dans l’histoire de l’art, et notamment dans sa prédilection pour l’Ecole genevoise des peintres de paysage – celle-là même qui avait conduit en Gruyère les Bovy, Menn puis à travers eux Corot. Parmi les modèles revendiqués par l’artiste, Courbet figure en bonne place : enfant, avant de déménager dans le canton de Fribourg, le paysagiste né à Genève avait en effet suivi, avec sa famille, son père nommé garde-frontière au col des Roches, dans le Jura, ce qui l’a rapproché des paysages du Doubs chers au peintre d’Ornans. Cet intérêt qui remonte à la prime jeunesse s’est ranimé bien plus récemment, en octobre 2015, à la faveur d’un séjour créatif dans la ferme familiale des Courbet à Flagey, devenue centre culturel.
Bernard Bailly sachant que le Musée d’art et d’histoire conservait un Arbre de Courbet, l’idée s’est tout naturellement imposée à lui d’en réaliser une « copie » ou une « interprétation » – ce sont ses termes –, comme il l’avait fait pour l’Arbre tombé d’Alexandre Calame. Se basant sur une photographie éclaircie de l’œuvre, pour en bien distinguer des détails que la sombre couche picturale de l’original laisse dans l’ombre (tel ce petit pont à gauche, ou les lignes tourmentées du tronc), il entreprend, un peu à la manière de Courbet lui-même, un travail sériel. Dans un premier temps, il multiplie les esquisses en noir et blanc sur de petits formats, avant d’en tracer des versions au fusain puis à l’acrylique aux dimensions de l’original – quelque 70 × 60 centimètres. Ce patient processus de répétition et de variation lui permet de se faire la main, de se familiariser avec le tableau et, explique-t-il, d’« apprendre » progressivement à maîtriser la composition de l’œuvre. Cette phase d’approche lui donne aussi l’occasion d’affiner sa palette chromatique. Peu fidèles à la gamme « terre noire » de Courbet, les teintes orangées de son premier essai, induites par l’éclaircissement de la photographie, seront atténuées par la suite. Vient alors le moment, en grand format, de la toile définitive, dont l’élaboration se nourrit de cette inlassable recherche.
Conceptuellement (« d’une certaine manière, je me situe aussi comme un peintre conceptuel militant pour la protection d’une culture et d’une tradition »), cet Arbre recréé à Fribourg charrie avec lui la trajectoire du tableau qui l’inspire, du site représenté (non fribourgeois) jusqu’au déplacement dans la collection de Marcello. Mais l’œuvre véhicule aussi, plus ambitieusement, le cheminement de l’inspirateur, ses itinérances transfrontalières, les réverbérations de son style – presque par capillarité – sur l’iconographie fribourgeoise via l’école genevoise. L’histoire de cette complexe réappropriation collective de Courbet fait enfin écho à celle, toute personnelle, de son admiratif émule.
En dernière analyse, remotiver ainsi la localisation actuelle de L’Arbre de Courbet par une nouvelle création, au même endroit, par un artiste du lieu, symbolise la manière dont l’œuvre du peintre français s’est incorporée au patrimoine culturel fribourgeois. Loin de suggérer que « l’art suisse n’existe pas », selon un titre provocateur de Michel Thévoz, le geste de Bernard Bailly et son Arbre qui, lui, pourrait très bien s’enraciner dans la forêt sarinoise, prouvent qu’un tel art existe bel et bien, et montre comment il se fabrique, au carrefour des influences et en jouant, ainsi que l’image l’artiste, sur « les deux tableaux » : « mes connaissances d’histoire de l’art et ce que je vois dans la nature ». Un art suisse au carré en somme, informé par les paysages comme par la tradition artistique, et devenu intimement lui-même par l’innutrition de ce qui lui était a priori extérieur.
Jean Rime, mars 2023
2023
«Loin de l’agitation et des excès»
Janet et Bernard Bailly ont suivi le cours de la Sarine, de sa source à son embouchure
Des rochers, des falaises, des montagnes, leur toucher rude et âpre: la Sarine de Janet et Bernard Bailly est largement faite de pierres. On sent la force de la roche dans leur nouvelle exposition en couple, Sarine-Saane, à voir actuellement dans le cadre du Muséoscope, au Musée d’art et d’histoire de Fribourg.
L’accrochage, réalisé par le commissaire Stephan Gasser, ne cache rien des tensions à l’œuvre dans la peinture de paysage: entre l’ancrage dans un genre traditionnel qui a connu d’illustres prédécesseurs, l’héritage ressassé, et la patte personnelle, renouvelée, mais aussi à cause de la présence – ou de l’absence – humaine. Janet Bailly, lors de la conférence de presse, a elle-même souligné que leurs séances extérieures, chevalet sous le ciel, sont la plupart du temps accompagnées par la marche des randonneurs. Ils sont rarement seuls sous le soleil ou les pieds dans la neige. Le choix d’œuvres exposées gomme largement ces traces humaines. Mais elles sont tout de même là. Ne serait-ce que parce que le regard des artistes modifie déjà le paysage…
A la frontière
Ce sont en tout cas de splendides plans larges et serrés sur la rivière chère aux Fribourgeois, qui trouve sa source dans la région du Sanetsch (en Valais) et plonge dans l’Aar dans le canton de Berne. A la frontière des langues et à la frontière entre nature et culture. Par la diversité des cadrages choisis et l’effet de série, Janet et Bernard Bailly approchent de biais le cours de la Sarine et l’idéalisation d’une beauté romantisée, intacte et sauvage.
Ces rochers précisément ont des allures indomptables, dominantes, pas toujours accueillantes. Ils ont un caractère monumental particulièrement dans les tableaux de Bernard Bailly. Car même si le couple se retrouve dans son partage des balades et des lieux inspirants, digérés, assimilés en plein air, ils procèdent avec des différences. Chacun ses propres tableaux! Les voir côte à côte met en valeur à la fois leur parenté et leur style particulier. Janet Bailly réalise plutôt des formats moyens, presque entièrement dans le terrain. Bernard Bailly, lui, «recompose» ses grands formats dans un second temps, à l’atelier.
A l’entrée, deux tableaux témoignent de leur volonté de se fondre dans la nature: on devine leur silhouette ou leur toile tendue en filigrane, entre les arbres. Le couple exprime avoir besoin de «vivre» et «sentir» le paysage. Sur des images vidéo, visibles dans l’exposition, on voit leurs chiens accompagner ces sorties privilégiées. Mais leur regard déforme forcément la réalité: ils disent ne pas chercher le «photoréalisme», même si les habitués ou les baigneurs reconnaîtront bien sûr ici des falaises connues, là des sommets pratiqués.
Janet Bailly aime les vues larges et de loin, les touches fines, elle est très sensible aux lumières, dont elle prend grand soin du rendu, mais aussi aux dégradés de couleurs, par exemple sous la neige ou à l’automne quand la végétation prend littéralement feu. Bernard Bailly, lui, a tendance à «cerner» ses motifs, «en hommage à Hodler», dont il est «imprégné». Il procède par épaisseurs, avec beaucoup de matière, d’acrylique en l’occurrence. Ses détails de pierres confinent parfois à l’abstraction. Ses racines sont noueuses. Tous deux magnifient les reflets de l’eau.
Pour un public d’ici
Le Sanetsch, la région de Château-d’œx, La Tine, le Moléson avec le lac de la Gruyère gelé, les rives à Hauterive ou à Illens, le lac de Pérolles où la ville de Fribourg se devine dans la brume à l’arrière-plan: autant de paysages ainsi traversés par les artistes et arrêtés par leurs pinceaux virtuoses. On y repère l’un ou l’autre pont, un mur, une écluse, mais le bâti y est peu visible.
C’est pour eux une manière de quitter «l’agitation de la ville et les excès de l’art contemporain», comme l’a suggéré Bernard Bailly lors de sa présentation. Dans le contexte actuel, c’est peut-être aussi une forme de nostalgie, ou de sursaut écologique: on sait bien que l’on entend le bruit de l’autoroute près des grottes de l’Ermitage de la Madeleine. On mesure ainsi d’autant mieux la valeur d’une nature menacée… Dans un désir de «décroissance», qui ne va pas sans contradictions, les artistes peintres défendent aussi des «valeurs locales»: il fait sens pour eux de peindre des sujets d’ici pour un public d’ici.
Jusqu’au 4 juin 2023 au Musée d'art et d'histoire de Fribourg.
LA LIBERTE
Jeudi 13 avril 2023
Elisabeth Haas
2023
Un double regard pour révéler une Sarine aux airs sauvages
Janet et Bernard Bailly font exposition commune au Musée d’art et d’histoire. Sous le titre Sarine-Saane, le couple de peintres fribourgeois présente des paysages réalisés tout le long de la rivière. Une manière de revendiquer une tradition, de Caspar Wolf à Ferdinand Hodler.
La balade conduit du Sanetsch à l’Oltigenmatt. De la source de la Sarine, près d’un glacier valaisan, à sa confluence avec l’Aar, dans le canton de Berne. Entre les deux, la voici qui musarde, joue à saute-cailloux, traverse des champs et des falaises, sillonne le Pays d’Enhaut et la Gruyère. Janet et Bernard Bailly ont suivi son cours, équipés de leur chevalet et de leur boîte de peinture. Dans le froid ou la chaleur, parfois les pieds dans l’eau, ils travaillent dans l’urgence, afin de capter la bonne lumière. Jusqu’au 4 juin, le couple d’artistes fribourgeois présente une sélection de ces œuvres au Musée d’art et d’histoire de Fribourg.
Pour Bernard Bailly, enseignant retraité du Collège Saint-Michel, une telle exposition ressemble à l’approbation d’un «positionnement artistique», voire d’un manifeste. La représentation de la nature se double d’un hommage aux maîtres, suisses en particulier, de Caspar Wolf à Ferdinand Hodler.
Le couple se place aussi dans la tradition des écoles de Barbizon, de Pont-Aven, de tous ces artistes que l’on appelait les pleinairistes. Il s’est rendu à la montagne Sainte- Victoire comme à Flagey, dans le Doubs, où l’ancienne ferme de la famille de Gustave Courbet s’est muée en centre artistique.
Reprenant une expression de l’Antiquité, Bernard Bailly se dit volontiers « bête comme un peintre». Les Anciens estimaient en effet que cet artiste, contrairement au poète ou à l’architecte, se contentait d’imiter la nature. L’ancien prof ajoute «bête comme un peintre qui ne comprend pas l’art contemporain» et précise: «Bête et heureux comme un peintre.»
Heureux, en tout cas, comme un peintre de plein air: c’est avec Janet Bailly, également ancienne enseignante de Saint-Michel, qu’il a découvert le plaisir de travailler sur le motif, loin de l’agitation de la ville. Comme un retour à l’essentiel, «dans l’esprit du philosophe américain Ralph Waldo Emerson : dans la nature, l’homme revient à la raison et à la foi».
Un art de la proximité
Les deux artistes revendiquent une démarche de proximité: ils peignent ici, pour les gens d’ici. «Notre travail est en quelque sorte blochérien affirme Bernard Bailly. Blochérien dans la défense des valeurs nationales, locales, traditionnelles. Notre culture, nos religions, nos langues.» Outre les maîtres de naguère, il se place dans le sillage d’artistes locaux: «La culture d’ici, c’est Jacques Cesa sur les alpages de la Gruyère, c’est Armand Niquille, Marc Monteleon et Jean-Pierre Humbert à Fribourg.»
Nées d’innombrables randonnées au fil de l’eau (avec quelques incursions le long de la Glâne, de la Gérine ou de la Jogne), les œuvres de Sarine - Saane ont été complétées en atelier, lors d’une résidence d’artiste offerte par le MAHF. Pour Janet Bailly, c’était surtout l’occasion de rencontrer le public et de parler de sa méthode. «Je commence un tableau par une ou plusieurs séances sur le motif, en plein air, explique-t-elle. Je peux ainsi me plonger dans l’atmosphère du lieu, saisir la composition qui s’impose à moi.» En atelier, elle peaufine les détails, en cherchant à ne pas perdre les sensations de la nature.
Contre le photoréalisme
Ils travaillent en parallèle, se partagent des sujets, mais les deux artistes n’en gardent pas moins leur personnalité leur style et leurs singularités. «Janet Bailly utilise souvent des formats plus petits, tout en proposant des points de vue plus larges», remarque par exemple Stephan Gasser, commissaire de l’exposition. Sa palette se révèle aussi généralement plus chaude que celle de son époux. «Bernard est imprégné de Hodler: il a tendance à cerner les choses de lignes noires», ajoute Janet Bailly, en montrant des rochers peints à Illens. Sa peinture à elle apparaît plus sereine, plus atmosphérique, là où il pratique par touches énergiques, pour des toiles plus tourmentées, particulièrement appropriées quand la rivière se fait sauvage.
Les tableaux se rejoignent toutefois dans leur puissance expressive. Ils refusent le «photoréalisme» pour exprimer la nature et ce que l’on appelait, chez les romantiques, le sublime. Dans ces paysages lumineux ou sombres, surgissent quelques traces humaines. Ici un pont, là une maison, plus loin la ville de Fribourg. Comme des signes discrets de cette civilisation toute proche, qui ne sait plus vraiment voir la nature sous ses yeux.
LA GRUYERE
Jeudi 6 avril 2023
Eric Bulliard
2023
Allocution pour le vernissage de l’exposition
Sarine – Saane de Janet et Bernard Bailly,
Musée d’art et d’histoire de Fribourg, 30 mars 2023
Monsieur le Chef de service, Monsieur le Directeur, Monsieur le Commissaire,
Mesdames, Messieurs,
et, surtout, chers Janet et Bernard Bailly,
Je ne suis pas spécialiste de peinture fribourgeoise, je ne suis pas critique d’art, ni historien de l’art, ni même historien tout court (sinon de la littérature). Je n’ai donc de légitimité pour introduire cette magnifique exposition que celle de l’honneur que vous m’avez fait, chers Bernard et Janet Bailly, en me conviant ce soir, et celle de votre amitié. Et encore ! puisque nous nous sommes rencontrés il y a à peine quelques semaines – voire quelques jours en ce qui concerne Janet – et que vous avez donc pris le risque inconsidéré de m’inviter sans me connaître et, plus grave, sans que je vous connaisse.
Permettez-moi donc quelques mots personnels qui raconteront à votre auditoire les coulisses insolites de cette allocution. Lorsque Bernard Bailly m’a écrit, le 12 janvier dernier, j’ai décliné sa sollicitation. D’abord, et principalement, en raison d’une incertitude d’agenda. Mais aussi, je puis maintenant vous l’avouer, parce que je n’ai pas compris pourquoi moi. J’avais bien eu, l’automne dernier, quelques rapides échanges d’e-mails avec Janet Bailly pour la reproduction de deux œuvres avec lesquelles je souhaitais illustrer un texte sur le château et le lac de Montsalvens ; quant à Bernard, j’avais été vivement intéressé par sa recherche obstinée des sites peints par Hodler. Vos noms et votre travail ne m’étaient donc pas inconnus, mais de là à introduire votre exposition au Musée d’art et d’histoire de Fribourg... Il y avait, manifestement, erreur de casting
J’ai donc fini par vous répondre que je renonçais. Mais – heureux hasard de la synchronicité ! – quelques minutes plus tard, avant que vous ayez eu le temps de lire mon message, vous me relanciez par téléphone, et j’ai enfin compris. Vous m’avez expliqué, Bernard, que, dans le cadre de votre résidence au Musée, vous aviez souhaité, comme vous l’aviez déjà fait avec Hodler, Calame et d’autres artistes du XIXe, revisiter L’Arbre de Courbet, l’un de vos peintres de prédilection ; L’Arbre, une œuvre conservée ici même, ayant appartenu à la sculptrice Marcello et représentant ce motif des branchages noueux auquel vous êtes particulièrement attaché. Vous pouviez ainsi, conformément à votre démarche artistique, mêler la « peinture d’après nature » et la « peinture d’après peinture ». C’est alors que M. Gasser vous a signalé les recherches que j’avais entreprises sur les liens du peintre d’Ornans avec la ville et le canton de Fribourg, dans le cadre d’un livre qui aurait dû paraître à l’automne dernier déjà.
Non seulement cette première conversation m’a fait changer d’avis, mais elle m’a instantanément poussé à vous retourner en quelque sorte l’invitation – et vous avez, vous, accepté tout de suite ! Finalement bienvenu, le report de ma publication au début mai me permettait d’y ajouter in extremis plusieurs pages sur votre Arbre d’après Courbet, et de combler en une conclusion d’une actualité absolument inespérée, un blanc historique criant dans mon ouvrage. En effet, quoique celui-ci détaille par le menu les controverses suscitées dans les journaux par les allées et venues de l’encombrant communard dans un contexte politiquement explosif ; quoique j’aie ensuite retracé comment des œuvres de Courbet, authentiques ou contestées, ont intégré les collections cantonales (dont celle du Musée d’art et d’histoire), il demeure qu’en l’état des connaissances Courbet n’aurait jamais représenté Fribourg... Votre tableau, Bernard, venait en quelque sorte accomplir ce que votre illustre prédécesseur n’avait pas fait : si l’arbre peint par Courbet n’était pas fribourgeois ou l’était devenu après-coup par translation physique de la toile, le vôtre pourrait très bien, lui, s’enraciner dans la forêt sarinoise, prouvant, à rebours d’une célèbre formule de Michel Thévoz, que l’art suisse existe bel et bien, mais précisément en ce qu’il se fabrique au carrefour des influences et en jouant à la fois sur l’évidence de sujets locaux et sur l’empreinte d’une histoire de l’art transfrontalière – en l’occurrence la peinture de paysage de l’école genevoise que vous affectionnez, puisant elle-même auprès d’artistes comme Courbet. Un art suisse au carré en somme, accordant les paysages à la tradition artistique, et devenu vraiment lui-même par l’accueil, ou l’« innutrition », de ce qui lui était a priori extérieur.
Cette variation sur L’Arbre, réalisée ces dernières semaines dans le cadre de votre résidence d’artiste, n’est pas présentée dans le beau parcours inauguré ce soir ; le public la trouvera, ainsi que les étapes nombreuses qui ont mené à sa réalisation, dans ce livre Monsieur Courbet déboulonne Fribourg ou sur les réseaux sociaux de l’artiste. Mais cet exercice passionné de « copie » ou de « réinterprétation » (ce sont vos mots) s’imprime bien au-delà de l’inspiration explicite de Courbet pour ce projet précis, et vient irriguer tout votre travail, ainsi que celui de votre épouse.
Janet, vous avez confié lors de la visite de presse mardi dernier, votre léger regret que les critères de la sélection ayant présidé à cet accrochage aient écarté de ces « bords que baigne la Sarine » les Fribourgeois au « cœur » desquels ils sont si « chers », quand pourtant vous-mêmes les rencontriez en nombre lors de vos séances de travail sur le motif : « Il y a ici de l’humain partout ! », disiez-vous. Rassurez-vous : de l’humain, de l’humanité, votre exposition en est traversée. Pas seulement par les traces d’infrastructures – ponts et autres reliques d’industries – qui redessinent le paysage naturel, pas seulement par les portraits fascinants de l’une par l’autre qui tendent à fusionner l’artiste et son environnement, sublimant l’expérience vécue du chevalet glissant dans le terrain meuble et humide du lit de la rivière... Cette humanité, elle transparaît surtout par la singularité de votre regard qui vous permet de réinventer, à travers vos styles respectifs ou les cadrages que vous choisissez, les paysages que vous peignez et d’y insuffler vos sensations, vos sentiments aussi bien que vos réflexions plus intellectualisées. Ce n’est pas « la Sarine », c’est la Sarine vue et habitée par Janet et Bernard Bailly.
« Puisque réalisme il y a », soupirait, railleur, Baudelaire dans un projet d’article consacré notamment à Courbet. L’écrivain dénonçait par là, dans les années qui suivaient l’invention du procédé photographique, la vacuité d’une conception de l’art comme reproduction exacte de la réalité jusque dans ses bassesses et ses défauts (ou du moins le fait d’ériger en doctrine cette idée-là). Courbet, du reste, ne représente jamais la nature telle qu’elle est : il la recompose, il la transfigure, il en restitue ou en filtre l’énergie matérielle par la couleur ou par la touche. Chez lui, trait d’union entre romantisme et impressionnisme, le paysage se métamorphose en un « espace pictural » dans lequel il s’engage corporellement, par la vue autant que par le toucher. De même, chers artistes, si votre itinéraire conjoint au fil de la Sarine dévoile certes fidèlement des sites aisément identifiables, l’essentiel n’est pas là. Il faut s’approcher des tableaux, expliquez-vous, pour que s’y révèlent, tantôt par des tons subtils tantôt par des lignes franches, la roche solide ou la molasse friable, l’eau ondoyante, la végétation recréées par votre art, votre perception et votre sensibilité – vos deux sensibilités, vos deux tempéraments.
À ce titre, votre peinture procède assurément, comme vous aimez à le dire, d’un « circuit court » : circuit court entre le lieu d’exécution et le lieu d’exposition, et plus encore circuit court entre l’émotion ressentie et celle immédiatement transposée sur la toile. C’est là, et non dans le refoulement de l’idéalisme, que réside un réalisme véritable, comme le soutenait Baudelaire dans l’esquisse d’article que j’évoquais tout à l’heure. Je cite : « Tout bon poète [on peut élargir : tout bon artiste] fut toujours réaliste. Équation entre l’impression et l’expression. Sincérité. »
Il n’en demeure pas moins que ce circuit court de la création, ce réalisme de la sincérité qui vous anime s’adosse à un circuit long, à un travail inlassable, à un compagnonnage patient avec les artistes du passé. Comme le son pour éclore exige une caisse de résonance, votre œil voit la Sarine informée par l’art, l’inscrit dans un « sillage » qu’il renouvelle. Pour filer la métaphore fluviale, disons que votre vision originale s’abreuve des alluvions de l’histoire des représentations.
Courbet n’a peut-être pas peint la Sarine, mais lui, et tant d’autres, survivent à travers chacun des arbres, chacune des pierres, chacune des gouttes d’eau que vous peignez. Oui, votre Sarine, aussi sauvage, personnelle et intime soit-elle, et paradoxalement pour pouvoir atteindre à cette liberté même, bruisse d’échos. Baudelaire, encore, dans des vers fameux des Fleurs du mal : « La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles / L’homme y passe à travers des forêts de symboles / Qui l’observent avec des regards familiers. »
Votre Sarine est bien peuplée d’humain, généreuse, et dès lors ouverte aux rencontres inattendues comme l’a été la nôtre. Je vous remercie de cette belle leçon d’art et d’humanité, et souhaite à votre exposition un plein succès jalonné de beaucoup de nouvelles rencontres inattendues.
Jean Rime
30 mars 2023
2023
Künstlerpaar malt Landschaftsbilder entlang der Saan e
Das Museum für Kunst und Geschichte Freiburg zeigt in seiner neusten Ausstellung «Sarine-Saane» Landschaftsbilder des Freiburger Künstlerpaars Janet et Bernard Bailly, die es entlang der Saane gemalt hat.
« Ich wusste lange nicht, dass die Saane ihren Ursprung im Wallis hat. Und Sie?», fragt der Künstler Bernard Bailly den Direktor des Museums für Kunst und Geschichte Freiburg, Ivan Mariano, an der Medienkonferenz am Dienstag. « Ich habe das schon immer gewusst », répond Mariano scherzhaft.
Bernard et Janet Bailly ont travaillé pour leurs jüngstes Project gemeinsam viele Jahre lang entlang der Saane gemalt: von der Quelle am Sanetsch im Kanton Wallis durch den Kanton Freiburg bis hin zur Mündung in die Aare in Oltigenmatt im Kanton Bern. Das Museum für Kunst und Geschichte Freiburg widmet seine neuste Ausstellung «Sarine-Saane» nun den Landschaftsbildern des Künstlerpaars, die entlang des Flusses in den verschiedenen Jahreszeiten entstanden sind. Vom 31. März bis 4. Juni wird im Museoscope eine Auswahl dieser Kunstwerke zu sehen sein.
Zwei verschiedene Stile
«Janet malt eher auf kleineren Leinwänden und richtet ihren Blick in die Ferne. Bernard charnièregen bevorzugt es, grössere Bilder zu malen, und zeigt eine eher herangerückte Version», sagt der Kurator der Ausstellung, Stephan Gasser, und zeigt auf die Werke im Raum. Das ist nicht der einzige Unterschied zwischen den Kunstwerken des Künstlerpaars. «Bernard hat eine gröbere Technik und hat die Tendenz, in festen Pinselstrichen zu malen», selon Janet. Seine Kunst sei zudem ein wenig abstrakter als ihre, die dem Realismus näher sei. Sie bevorzuge auch eine wärmere Farbpalette zum Malen. Bernard zeigt in seinen Gemälden darüber hinaus gerne sich selbst und seine Frau.Die Personen verschmelzen bei ihm mit der Natur und werden fast ein Teil der Landschaft.
Dem Wetter trotzen
Beide Künstler sind begeistert von der Natur und malen die Landschaften gerne im Freien. Ein Video, das die Ausstellung begleitet, zeigt die beiden bei der Arbeit. «Wir wollen aus dem Atelier hinausgehen und in der Natur sein», selon Bernard. Das sei für sie echter. Durch ihre Projekte würden sie viel reisen und dadurch Ortschaften entdecken, die sie zuvor nicht kannten. «Janet arbeitet eigentlich fast nur draussen», selon Bernard. Die Herausforderung dabei sei das Wetter, ergänzt Janet. «Es kann sehr kalt werden, oder das Wetter verändert sich schnell, während man malt», sagt sie.Die Sonne würde wandern, der Schatten sich deshalb verändern, und auch die Acrylfarben würden auf die unterschiedlichen Temperaturen reagieren.
Mehrere Male müsse sie in der Regel denselben Ort aufsuchen, bis das Kunstwerk fertiggestellt ist: «So kann ich in die Atmosphäre des Ortes eintauchen.» Im Atelier kommen dann die Details hinzu. Bernard hingegen kann nicht alle seine Werke im Freien malen. Seine grossen Gemälde fertigt er im Atelier an. «Er kommt oft mit mir mit. Er spaziert, damit er sich die Landschaft merken kann, und macht Fotos für später.»
Das Künstlerpaar konnte in den vergangenen drei Monaten die Künstlerresidenz des Museums nutzen. Viele Besucherinnen und Besucher seien vorbeigekommen und hätten sich mit den beiden über ihre Werke unterhalten.
«Es ist ein Gemälde»
«Jemand hat uns im Künstleratelier die Frage gestellt, wann wir denn wissen, wann die Bilder fertig sind», sagt Janet. Für sie sei das der Fall, wenn sie ihre Bilder von weitem betrachtet und die Landschaften der Realität entsprechen und, wenn sie näher an das Bild herantritt, die feinen Pinselstriche sichtbar werden. «Es ist ein Gemälde. Ich will die Striche vom Malen noch sehen können.»
FREIBURGER NACHRICHTEN
Mittwoch, 29. März 2023
Maria Kafantari
2022
ROMANTISME EN ARBORESCENCE
Deux peintres et un poète livrent leurs Histoires d'arbres à la Galerie Cathédrale.
Julien Baud, Bernard Bailly et Janet Bailly dépeignent la force évocatrice des arbres en texte et à l'acrylique. Mêlant peinture et poésie, l'exposition Histoires d'arbres se tient en regard de la récente parution du premier recueil publiée par Julien Baud et illustrée par Bernard Bailly aux éditions Le CRIC – avec dix interprétations livrées par Yann Pugin. « Le point de départ du projet a été la parution du texte, Le Magnolia , par Julien Baud dans le Message du Collège [Saint-Michel, ndlr]. Ça a créé le contact et très vite a germé l'idée de transposer sur une exposition. Dans l'intervalle, Julien a continué à écrire en vue de publier un livre.La deuxième étape de la collaboration a ainsi été l'ajout de dessins par Bernard pour illustrer certains textes. On peut ainsi dire qu'il y a deux projets en parallèle », contextualisent les artistes.
Une saveur dix-neuviémiste imprègne les créations du trio dont chacune des regards se traduit à sa manière une fascination toute romantique pour une nature tantôt habillée comme miroir de l'âme, tantôt prise comme lieu d'évasion ou de rencontre avec le sublime. Ainsi, nos promeneurs pas si solitaires nous emmènent-ils au gré de leurs pérégrinations environnementales dans un aller-retour constant entre contemplation et expressivité.
« L'arbre est d'abord objet d'expérience esthétique, puis sujet d'évocation. La nature renvoie à des sentiments très profonds qui sont, pour moi, de l'ordre des questions existentielles », explique Julien Baud. L'esprit vagabond, le regard sensible et le verbe habile de l'enseignant donnent naissance à vingt-huit textes poétiques réunis sous le titre de Mes histoires d'arbres . Les arbres s'y érigent ici en symbole du cycle du vivant, en vestige des temps ou en métaphore de quelque état d'âme, et là en oasis où l'auteur médite dans un hamac aux allures de barque rousseauiste. L'évanescence des illustrations à la mine de plomb semble quant à elle revêt la texture des chansons du poète, dans une heureuse complémentarité.
Autre expression romantique de la nature que celle des deux peintres réalistes. Au rez, les toiles de Janet Bailly détaillées des paysages réalisés en plein air, sur le motif, puis perfectionnés en atelier : « Il y a la pression de travailler vite, pendant trois heures au maximum, car la lumière et les ombres changent. Mais cela donne une énergie, une vitalité et une expressivité aux tableaux », raconte-t-elle. Composé en immersion, le paysage est ressenti et traduit dans toute son atmosphère. Les grands formats de Bernard Bailly occupant quant à eux le sous-sol de la galerie. Leurs couleurs froides, contrastées et saturées donnent aux écorces, souches et arbres une tonalité toute dramatique.L'imprégnation mentale est au cœur de sa démarche mêlant observations sur le terrain et sujets tirés de l'histoire de l'art : Le Chêne et le roseau d'Achille Etna Michallon et celle de l' Arbre tombé d'Alexandre Calame.
Conjointement à cet accrochage, Histoires d'arbres se poursuivent dans la maison d'hôte Blanche-Neige, à Marly, en compagnie de douze autres créateurs. La botaniste Christine Schweizer-Simac animera quant à elle une balade le 11 juin au départ de Blanche-Neige, puis le 18 juin au départ de la Galerie Cathédrale.
Galerie Cathédrale, Fribourg, jusqu'au 25 juin 2022
LA LIBERTE
Jeudi 2 juin 2022
Maxime Papaux
2020
RECHERCHE FERDINAND HODLER
Janet et Bernard Bailly aiment retrouver les lieux immortalisés par de grands peintres
AURELIE LEBREAU
Galerie Cathédrale : Ils ont traqué Gustave Courbet à Ornans, Paul Cézanne autour de « sa » montagne Sainte-Victoire qui l'obsédait tellement. Ils sont partis à la recherche des bons coins de John Constable ou ont encore arpenté la forêt de Fontainebleau, que les peintres de Barbizon affectionnaient tant. Janet et son époux Bernard Bailly ne s'en cachent pas : ils se nourrissent pour le XIXe siècle, le romantisme et l'impressionnisme un amour qui les pousse à se dépasser physiquement, à crapahuter inlassablement dans la nature, le dos souvent chargé de toiles , de pinceaux et de couleurs. Aujourd'hui, c'est le fruit d'une autre quête qu'ils présentent à la Galerie Cathédrale de Fribourg, jusqu'au 26 septembre.Sous le titre Plein la vue, les époux se sont lancés sur les traces locales de Ferdinand Hodler,
DANS LE GARAGE
«Hodler n'a pas eu une grosse production dans la région», entame Bernard Bailly. Cependant quatre tableaux au Moléson et à Teysachaux lui sont attribués, ainsi que trois autres au Gantrisch. Enfin, il a signé trois autres toiles en amont de Montbovon. «Nous savons qu'Hodler a séjourné au Pays-d'Enhaut.» De ces pérégrinations vieilles de plus d'un siècle, les Bailly ont retenu les « spots » du Gantrisch et de Teysachaux. Assidus, ils ont retrouvé les lieux où Hodler s'était installé. « Comme mes formats sont plus petits que ceux de Bernard, je peux commencer mes toiles en extérieur et les terminer à la maison (dans le bureau pour Madame, dans le garage pour Monsieur, ndlr) », éclaire Janet Bailly.Même si se déplacer avec tout cela n'a rien d'évident. Son mari, lui, fait des croquis et beaucoup de photos, puis travaille en atelier,
Dans la Galerie Cathédrale, les reliefs peints par le couple se lovent immédiatement dans le patrimoine visuel du visiteur. Les ciels souvent rehaussés de nuages, les verts des pâturages, les roches, mais aussi les lumières de l'automne et l'herbe alors brunie, tout semble familier.
Il y a assurément ici des réminiscences de Cézanne, de Corot. « Nous sommes très naturalistes dans nos couleurs, mais nous aimons aussi dramatiser certaines scènes, car nous voulons des tableaux intéressants », analyse Janet Bailly. Outre Teysachaux et le Gantrisch, le couple qui peint chaque jour que Dieu fait également des vues des élégantes Gastlosen, ainsi que de la Sarine, non loin d'Illens. Une partie de ce travail sera d'ailleurs présentée lors de l'inauguration du château rénové, repoussée en raison du coronavirus…
Galerie Cathédrale, Fribourg, jusqu'au 26 septembre 2020.
LA LIBERTE
Jeudi 10 septembre 2020
Aurélie Lebreau
2020
DEUX PEINTRES FRIBOURGEOIS - JANET ET BERNARD BAILLY - SE SONT LANCES SUR LES PAS DE FERDINAND HODLER
Ferdinand Hodler a peint Tremetta (Teysachaux) en août 1885, une huile sur toile de 38 x 46 cm. Vendu aux enchères en 2001, ce tableau n'a plus été montré en public depuis 135 ans et se trouve actuellement dans une collection privée.
Deux peintres fribourgeois – Janet et Bernard Bailly – se sont lancés sur les pas de Ferdinand Hodler. Son passage en Gruyère en août 1885 n'est pas très connu, mais marquant à plusieurs titres.
Reportage au Gros-Plané avec Robert Cottet, vif connaisseur de cette histoire.
CHRISTOPHE DUTOIT
PEINTURE. Tout commence le 24 mai dernier. Bernard Bailly partage sur Facebook une toile de Ferdinand Hodler peinte en août 1885. En commentaire, il remarque que le tableau est intitulé Tremetta , mais qu'il représente le sommet de Teysachaux . Intrigué autant par cette confusion dans le titre que par le passage – méconnu à mes yeux – du peintre en Gruyère, je jette un œil sur le portail cartographique. En effet, il s'avère que le sommet est bien connu Teysachaux jusqu'en 1889, mais qu'il prend étrangement le patronyme de l'alpage de Tremetta (avec ou sans son z final) entre 1890 et 1910…
La trouvaille est suffisamment croquignole pour poster une réponse au peintre installé à Tinterin. Le dialogue est activé. Grâce à Google Earth, on parvient à identifier le point de vue d'où Hodler a peint sa toile, à quelques mètres en contrebas du Gros-Plané. Un troisième intervenant entre alors dans la discussion. Derrière son pseudonyme, Hodler Spot publie la reproduction du Promeneur , avec cette légende mystérieuse : « Un historien trop genevois a nommé ce tableau Der Wanderer (Le promeneur ou le vagabond) au Salève ! Depuis, il a été mieux localisé…» Le soir même, il dépose une troisième œuvre, un taureau musculeux devant un chalet d'alpage rougeoyant.Deux semaines plus tard, Bernard Bailly partage à son tour sur les réseaux sa propre version de Teysachaux . C'est décidé, on veut en avoir le cœur net.
Rendez-vous est pris mardi dernier au Gros-Plané. Après plusieurs semaines de météo maussade, le soleil s'est enfin rappelé au bon souvenir des randonneurs. Sous la terrasse de la buvette, Janet et Bernard Bailly ont installé leur chevalet. Robert Cottet est également de la partie, lui qui administre Hodler Spot. Ancien élève des Beaux-Arts de Lausanne, il est un doyen retraité de l'Ecole d'arts appliqués de Vevey.
Le trio engage le dialogue. «Hodler s'est sûrement installé plus en contrebas, en direction du Cheval brûlé, explique Robert Cottet, qui a identifié le site il y a plusieurs années déjà. De ce point de vue-là, l'arête orientale de Teysachaux est bien dégagée.» Un propos corroboré par Bernard Bailly. « J'ai peint mon premier tableau depuis plus bas, avec des traces de tracteurs au premier plan, raconte l'ancien professeur d'arts visuels, retraité de Saint-Michel. Je suis également allé voir depuis le petit monticule en direction de La Cuvigne.»Le repérage n'est pas aisé car, en 135 ans, la forêt a gagné du terrain et le chalet Au Mormotey Dessous, bien visible sur le tableau de Hodler, a disparu dans les années 1930. «Je suis surpris par l'exactitude de son observation depuis une seule perspective. Pour mes grands tableaux,
"En trois heures"
Sous son chapeau de paille, Janet Bailly pose des jaunes pour donner vie à la barre rocheuse baignée dans ce soleil de fin de journée. «En trois heures, je mets en place tous les éléments qui me permettent de continuer à peindre à l'atelier, explique cette ancienne enseignante d'anglais, elle aussi à Saint-Michel. Comme Monet, je trouve que la lumière change si vite !» Et part dans un éclat de rire avec son accent si charmant . «Avec Bernard, nos styles sont de moins en moins similaires: lui, il cerne et moi, je lisse.» Tous deux font partie de la Guilde suisse des peintres de montagne et prennent plaisir à peindre depuis les mêmes sites que les grands maîtres.Ils sont allés à Ornans, patrie de Courbet, mais aussi à Rosenlaui ou dans le Gantrisch, déjà sur les pas de Ferdinand Hodler. « On fait du Bailly, pas de la copie, expliquent-ils. On n'a pas besoin de se pousser pour développer nos styles personnels. Aller sur ces lieux nous donne une motivation supplémentaire. Cet été, nous ferions en vacances dans la région de Honfleur et d'Etretat.»
Hodler justement : Robert Cottet le découvre pendant ses études, en 1975, lors d'une exposition à Berne. «En 2003, je suis tombé sur la petite reproduction de Tremetta (Teysachaux) dans le catalogue de l'exposition au musée Rath. Selon l'historien de l'art Jura Brüschweiler, ce tableau serait le tout premier où Hodler isole complètement une montagne, comme il le répètera souvent par la suite. Plus tard, j'ai décidé de créer la page Hodler Spot, car beaucoup de randonneurs passent par le Gros-Plané et je me disais qu'ils pourraient géolocaliser l'endroit et, par exemple, voir en même temps la peinture sur leur portable . C'était avant que je ne me rende compte qu'il n'y a pas de réseau ici…»
"L'exactitude des comptes"
Le dialogue reprend entre les trois. «Je trouve que Hodler est très rigoureux et très précis. Est-ce possible qu'il ait "décalqué" le paysage à l'aide d'une plaque de verre tenue à bout de bras ? » lance Bernard Bailly. « En effet, le peintre est très attentif au travail sur la ligne, le contour et la forme. Pour lui, l'exactitude compte.» « Au contraire de Calame, qui n'hésitait pas à reconstruire ses paysages », répond Bernard Bailly. « Sur le terrain, les peintres romantiques du XIXe siècle avaient de toute façon tendance à exagérer la dangerosité des pentes, poursuit Janet Bailly. Il fallait du précipice !»
Zone reboisée
La discussion dérive vers Le promeneur . « Peut-on se rendre sur les lieux ? » demande Janet Bailly. « La zone s'est reboisée vers le Petit-Plané depuis le passage de Hodler, rétorque Robert Cottet. Avec Google Earth, j'ai réussi à retrouver le point de vue exact, en ajustant la perspective avec la silhouette des montagnes à l'arrière-plan, les Dents de Broc, du Chamois et du Bourgo.»
Notre brin de causette aurait pu durer toute la soirée. Sur la justesse des ombres « bleutées » de Tremetta (Teysachaux) , sur la vitesse avec laquelle Hodler peignait sur le motif, sur cette esquisse signée FH, mais certainement réalisée d'une autre main.
Retour à la rédaction. Qui pourrait me confirmer tout ce qui a été dit la veille ? J'appelle Philippe Clerc, l'historien de l'art qui a récemment monté l'exposition Oswald Pilloud au Musée gruérien. «Ferdinand Hodler était entouré d'un cercle d'érudits. Il faudra vérifier qui sont les propriétaires du Gros-Plané à cette époque. Par exemple, je sais que le pharmacien Barras a été invité des artistes dans son chalet d'alpage et que beaucoup de tableaux y ont été produits. Je prends soin de mes archives et je vous rappelle.»
Cinq minutes plus tard, bingo ! « Il me semblait bien que ça me disait quelque chose ! » exulte Philippe Clerc, qui commence au bout du fil la lecture de la lettre inédite de Ferdinand Hodler à son ami Marc Odier, datée du 17 août 1885. « Mon vieux, me voilà 4 jours à la nourriture du Grand Plané, disons Petit Plané , car je suis logé seulement au Grand Plané […] J'occupe au Grand Hôtel Planey la même salle que jadis occupèrent trois seigneurs, à en juger d'après leurs portraits, des messieurs très distingués. Ce sont un peintre, un marchand de souricières, puis un pauvre poète.Des vers inscrits au bas de leurs portraits manifestent de la joie que prouve le séjour au Moléson […] Allons mon bon, décide-toi, dégage tes membres, une autre couche d'air à 2004 mètres d'élévation te rend le jugement du beau, du grand et tu traites même les canapés crémeuses.» Surtout, le peintre avoue qu'il emploie son temps à dessiner, à peindre de son mieux. «Je ne peux descendre maintenant et laisser mes peintures inachevées», écrit-il le lendemain, tout en pressant à son ami de «demander [à la papeterie] Brachard une bouteille d'huile d'œillet [et] un tube de jaune de Naples clair, au plus tôt s'il te plaît.»
Certes connue des spécialistes, mais toujours inédite, cette lettre fait partie du projet de publication de la correspondance complète de Ferdinand Hodler, à paraître en 2021 sous l'égide des Archives Jura Brüschweiler, confirmé son directeur Niklaus Manuel Güdel, qui nous a transmis gracieusement sa reproduction.
Vendu aux enchères en 2001 à Zurich, Tremetta (Teysachaux) n'a plus été depuis décembre 1885, peut-être sous l'intitulé Pâturages du Moléson (lire ci-dessous) . Quant au Promeneur , toujours en mains privées, il n'a plus été vu en public depuis 1950. Alors que Janet et Bernard Bailly dévoileront leurs œuvres à la galerie de la Cathédrale dès la fin août à Fribourg, on se réjouit à l'idée qu'un jour peut-être la production artistique de Ferdinand Hodler au Gros-Plan pourrait être enfin réunie et montrée au public, sous un même toit. CD
Ferdinand Hodler (1853-1918)
Fils de charpentier, Ferdinand Hodler passe son adolescence à Berne, où sa famille est décimée par la tuberculose. A l'âge de 18 ans, il se rend à pied à Genève pour copier les œuvres d'Alexandre Calame. Au bout du lac, il suit l'enseignement de Barthélemy Menn et montre ses premières œuvres en 1874, d'emblée très appréciées. Ambitieux, sensible, avide de reconnaissance, il peint avec acharnement les paysages de l'Oberland bernois et du Léman. Mais il exécute aussi des fresques murales symbolistes et consacre de nombreuses toiles à son aimée Valentine Godé-Darel, notamment un portrait sur son lit de mort exposé à la Fondation Beyeler, à Bâle.
Dès 1896, Ferdinand Hodler enseigne à l'Ecole des arts et métiers de Fribourg et influence durablement plusieurs de ses élèves, à commencer par Hiram Brülhart, Raymond Buchs et Oswald Pilloud. On lui connaît aujourd'hui 1716 tableaux et plus de 10 000 dessins, en partie répertoriés sur le site www.ferdinand-hodler.ch . CD
Le taureau original du Petit-Plané
En plus de Tremetta (Teysachaux) et du Promeneur, on connaît un troisième tableau de la main de Ferdinand Hodler durant son séjour au Moléson : Taureau de Fribourg en paysage alpin. Dans sa notice, le catalogue raisonné fait prudemment allusion au Gros-Plané. «D'après la typologie du chalet, il pourrait plutôt s'agir du Petit-Plané, pense Robert Cottet. Mais ce tableau garde encore bien des secrets.»
En décembre 1885, cette huile a certainement été exposée au Cercle des Beaux-Arts de Genève, comme en témoigne ce compte rendu du Journal de Genève . « A propos du Moléson, disons tout le bien qu'elles ont signifié des deux études de "taureau" faites dans ce joli et pittoresque pays de Gruyère. »
«Son petit format (12,5 x 17,5 cm) et l'utilisation d'un carton comme support plaident pour une étude réalisée sur place», commente le catalogue raisonné. Une chose est sûre : ce massif taureau gruérien sert de "matrice" originale à une dizaine d'autres tableaux. Toujours en 1885, Hodler reprend ce motif à cinq reprises, devant la Jungfrau ou sur une prairie indéterminée (le Musée d'art et d'histoire de Fribourg en possède une très belle version). Trois ans plus tard, on le retrouve, avec exactement la même morphologie et la même robe, sur les six versions des Lac de Thoune et lac de Brienz avec le taureau de Fribourg . «Une répétition à des fins commerciales», selon l'historien de l'art Jura Brüschweiler, spécialiste de Ferdinand Hodler.
L'armailli de la boîte à bonbons
Le Musée gruérien possède «plusieurs petits tableaux de grands maîtres», comme le dit son conservateur Christophe Mauron, sous forme de boutade. Dans une vitrine, l'institution bulloise montre Unarmailli, une petite huile peinte sur le couvercle d'une boîte à bonbons attribuée à Ferdinand Hodler. « D'une exécution certainement très rapide et d'une extrême dureté de facture et de couleur », selon sa notice de vente, cette œuvre non signée porte dans son dos une dédicace et une note qui fournit des renseignements précis sur la date et le lieu de son exécution : le 3 juillet 1895, chez Jean Maire, l'un des amis du peintre. En voici la retranscription :
« Un jour de dèche noire,
Hodler. Sur le fond d'une boîte de bonbons, Peter Cailler 0
fête chez moi
d'où l'on a vu les degrés de foule.
Ce croquis d'Armailli (…)
de dessin que j'ais fait le matin même.
Ce matin 3 juillet 1895…
Quelqu'un en cadeau à l'apprenti
qui a grandi – juin 1907.»
Ce qui ne lève pas l'entier du mystère autour de cette œuvre « potache », absente du catalogue raisonné. CD
LA GRUYERE
Samedi 4 juillet 2020
Christophe Dutoit
2017
La Galerie Plexus rend hommage à la peinture en invitant deux artistes paysagistes
RETOUR AUX SOURCES
MARLY - La galerie Plexus expose plusieurs séries issues de la production picturale du couple de peintres Janet et Bernard Bailly. Ces deux anciens professeurs du Collège Saint-Michel consacrent leur retraite à la peinture de paysages en extérieur. Ils se rendent ainsi dans la nature suisse et anglaise pour travailler à l'acrylique. L'exposition est consacrée à leurs vues du canton de Fribourg.
Ils opèrent ainsi un retour en arrière vers une pratique ancrée dans l'histoire de l'art dès le 19ème siècle : celle de la peinture de paysages en situation. Si tous deux ont travaillé dans le même lieu, les résultats de leurs sessions sont très différents. Janet peint surtout de petits formats, et en accomplit la majeure partie sur place. Bernard, quant à lui, peint des esquisses en extérieur, qu'il va soit utiliser comme base pour des tableaux de très grands formats, soit compléter en atelier. Janet aime garder une ouverture sur l'horizon et le ciel, et explorer la douceur des extérieurs, tandis que Bernard enferme le regard dans le paysage, permettant une impression plus dramatique. Le résultat de leur collaboration peut être admiré dans une vue des gorges de la Jogne.
NOUVELLES TECHNOLOGIES
Ils s'inspirent aussi de peintres contemporains ayant participé à la réhabilitation de la peinture figurative, comme David Hockney ou Peter Doig. Ils utilisent en outre les nouvelles technologies pour documenter leurs sessions sur Facebook ou YouTube. Une vidéo est d'ailleurs présentée dans l'exposition, à côté d'une représentation du peintre, fondue dans un paysage de montagne.
DES PERFORMANCES PICTURALES SONT PREVUES LES SAMEDIS
Cet attachement à la technique, ayant donné le titre de l'exposition, « En peinture », sera atteint sur place lors de trois performances picturales tous les samedis, où les deux artistes ferontont divers tableaux, dont un hommage au peintre fribourgeois Armand Niquille réalisé avec la main gauche. Un autre sera la reproduction de la casquette de Hockney, thème inspiré par une de leurs sessions en Angleterre, où des passants ont fait remarquer à Bernard qu'il portait la « casquette de Hockney ».
Cette exposition est donc à la fois un voyage dans l'histoire de l'art, un pas en avant vers les pratiques artistiques contemporaines, et un vivant manifeste pour la perpétuation de la peinture comme moyen d'expression.
Jusqu’au 28 octobre. Me-ve, 14h-18h, et samedi, 14h-17h
Galerie Plexus, Route de Chésalles 21, Marly
Les artistes seront également présents le dimanche 8 octobre de 14h à 17h
LA LIBERTE
Jeudi 5 octobre 2017
Adeline Favre
2017
DIE NATUR AUF DER LEINWAND
Janet und Bernard Bailly widmen sich seit Jahren der Landschaftsmalerei, sowohl im Ausland wie auch in ihrer Freiburger Heimat. Ansichten aus dem Freiburgerland sind jetzt in Marly ausgestellt.
MARLY - Der Schwarzsee oder die Gastlosen, das Jauntal oder die Gegend um Pierrafortscha, zu jeder Jahreszeit und in verschiedenen Farb- und Lichtstimmungen: Das zeigen die beiden Freiburger Landschaftsmaler Janet und Bernard Bailly derzeit in der Galerie Plexus in Marly. Das Künstlerehepaar stellt jede seiner Ausstellungen unter ein bestimmtes Thema. Dieses Mal haben die beiden, die in Tentlingen leben und für ihre Kunst regelmässig ins Ausland reisen, den Fokus auf die Landschaften vor ihrer Haustür gelegt. Die meisten der rund fünfzig ausgestellten Bilder sind in den letzten Jahren entstanden, stets draussen in der Natur, wie das Paar es gewohnt ist.
«Wir arbeiten stets direkt vor Ort, um die Atmosphäre spüren und einfangen zu können», erklärt Janet Bailly. Sie selber fertige den grössten Teil ihrer Gemälde draussen an und beende sie dann im Atelier, so die 61-Jährige. Bernard Bailly hingegen, der grössere Formate bevorzugt, arbeitet eher mit Skizzen und Fotografien und malt auf dieser Grundlage im Atelier. Dafür bleibt ihm Zeit für anderes, wenn die beiden gemeinsam unterwegs sind: «Ich habe angefangen, neben den Fotografien auch Videos zu drehen und so unsere Arbeit zu dokumentieren», so der 68-Jährige. Die Fotos und Videosteilt das Ehepaar über die sozialen Netzwerke. «So bringen wir die traditionelle Landschaftsmalerei und die Moderne zusammen», sagt Bernard Bailly.
MALEN VOR DEM PUBLIKUM
Selber haben Janet und Bernard Bailly erst mit der Zeit zur Landschaftsmalerei gefunden, wie sie inzwischen ihr Markenzeichen geworden ist. Janet Bailly arbeitete früher mit Aquarell- und Wasserfarben, als Hobby neben ihrem damaligen Beruf als Englischlehrerin. Für Bernard Bailly, Berufskünstler und pensionierter Kunstlehrer, spielten auch andere Motive eine Rolle. «Ich brachte ihn hinaus in die Natur, und er brachte mich zur Acrylmalerei», so Janet Bailly über den gemeinsamen Weg zur Landschaftsmalerei.
Wer mehr darüber wissen will, wie das Ehepaar arbeitet, kann dies während der Ausstellung in Marly live entdecken: Jeden Samstag sowie diesen Sonntag sind Janet und Bernard Bailly persönlich in der Galerie anwesend und Publikum.
Galerie Plexus, Route de Chésalles 21, Marly. Bis zum 28. Oktober. Mi. bis Fr. 14 bis 18 Uhr, Sa. 14 bis 17 Uhr sowie am So., 8. Oktober, 14 bis 17 Uhr. Live-Performance «En peinture» mit Janet und Bernard Bailly jeweils samstags sowie diesen Sonntag, 8. Oktober, 14 bis 17 Uhr.
FREIBURGER NACHRICHTEN
Freitag, 6. Oktober 2017
Carole Schneuwly
2017
AUX SOURCES DU PAYSAGE, du Salève aux Alpes
Quatre peintres paysagistes contemporains, PEINTRES DE LA MONTAGNE, exposent à Confignon leurs tableaux sur les thèmes de la nature, de la montagne et du paysage genevois.
Un collectif de peintres composé de :
BERNARD BAILLY, JANET BAILLY, MICHEL BAUMGARTNER, PETER STAEHLI
Peter Stähli, un des membres fondateurs en 1988 de la Guilde Suisse des Peintres de la Montagne (GSBM) et Michel Baumgartner, membre actif depuis 2008 se rencontrent une première fois en 2012 pour peindre sur le motif. C’est à Grindelwald, siège de la Guilde, que les deux peintres se retrouvent pour des séances de peinture au pied de la Jungfrau.
Bernard Bailly en 2011 et Janet Bailly en 2013 sont admis à la Guilde Suisse des Peintres de la Montagne.
DU SALEVE AUX ALPES
Le projet proposé par Bernard Bailly de peindre sur les traces de Ferdinand Hodler (1853-1918) à Genève se réalise en 2016. Une vidéo présente dans cette exposition les trente et une reproductions des Salève de Hodler (source : Catalogue raisonné de Hodler, SIK ISEA, Zürich, 2008) ainsi que le travail sur le terrain des peintres exposants. Michel Baumgartner, peintre carougeois, connaît bien ces lieux. Il emmène le couple Bailly au pied du Salève à Troinex, Evordes et Veyrier pour peindre la montagne si chère au cœur des Genevois. Peter Stähli, à son tour, profite d’un bref séjour à Genève, pour découvrir le Salève depuis Troinex.
En janvier 2017, une opportunité d’exposition à Confignon se présente via une information transmise par Visarte Genève. Le projet se concrétise et les quatre collègues peintres de la montagne proposent à la Mairie de Confignon (la commune du talentueux et très respecté peintre Edouard Vallet) l’exposition AUX SOURCES DU PAYSAGE, du Salève aux Alpes.
Cette exposition permet non seulement de découvrir leurs œuvres, mais donne également aux artistes la possibilité d’affirmer leur positionnement artistique :
Ce collectif de peintres revendique une part de l’héritage de la célèbre ECOLE GENEVOISE DES PEINTRES DE PAYSAGE (Pierre-Louis de la Rive, Adam Töpffer, François Diday, Alexandre Calame, Barthélémy Menn, Auguste Baud-Bovy, Ferdinand Hodler, Alfred Rehfous, Edouard Vallet...).
Ensemble, ils s’engagent pour maintenir vivante la Grande Tradition Picturale du Paysage Suisse. Cet engagement aux sources du paysage recouvre la pratique heureuse de la peinture dans la nature et le compagnonnage régulier auprès des grands maîtres de la peinture du passé.
Chacun à sa manière transpose et interprète librement sa perception du paysage.
Annexe de la Mairie de Confignon
Chemin de Mourlaz 2
1232 Confignon
Jeudi 18 mai 2017
Réd. Bailly/Baumgarner
2016
L'ILE D'OGOZ UNE SOURCE D'OBSESSION
La galerie Osmoz poursuit sa mission de valorisation de la peinture fribourgeoise avec les paysages acryliques de Bernard et Janet Bailly.
Bernard Bailly professeur d’art visuel fraîchement retraité et son épouse Janet professeure d’anglais vouent tout leur temps libre à la peinture. Pour cet accrochage à la galerie Osmoz ils présentent une trentaine d’œuvres récentes, résultat de leurs pérégrinations aux alentours de l’île d’Ogoz.
Depuis 2008 ils se consacrent avec ardeur à la peinture de paysage réalisée sur le terrain. « Avant de peindre nous devons passer beaucoup de temps sur place, s’imprégner des lieux, choisir les meilleurs points de vues » explique Janet Bailly. Une longue contemplation est donc nécessaire pour retranscrire ensuite les scènes choisies.
« En travaillant à partir d’une photographie, le résultat est souvent plat » ajoute-t-elle. Pour cette raison, et malgré le vent et les températures peu clémentes des derniers mois, ils ont installé tout le matériel en plein air, face à leur sujet du moment: les tours de l’île d’Ogoz.
Travailler à l’extérieur demande davantage de spontanéité et de rapidité. Il faut saisir l’instant avant qu’il ne change. Ils peignent ainsi côte à côte jusqu’à trois heures d’affilés. De retour dans leur atelier de Tinterin, les tableaux sont peaufinés.
DEUX REGARDS, UN MÊME SUJET
Au premier coup d’œil ce même sujet multiplié au gré des saisons semblent naître d’une seule main. Mais à y regarder avec plus d’attention, les différences apparaissent. Bernard Bailly, issu de l’école d’art de Genève, voit les formes dans leur ensemble et retranscrit le volume dans un style légèrement empreint de cubisme.
Janet quant à elle travaille davantage le détail. Longtemps adepte de la peinture à l’aquarelle, son trait reste souvent délicat et doux. La part du ciel est plus importante dans son approche tandis que celle de Bernard marque une ambiance plus dramatique.
Friands de la peinture romantique du 18ème et du 19ème siècle, mais aussi d’artistes contemporain comme Peter Doig, Bernard et Janet Bailly y puisent à la fois un élan et une inspiration. Qu’ils voyagent en France, en Angleterre ou à travers la Suisse, leur œil cherche encore et toujours leur prochaine composition.
LA GRUYERE
Samedi 11 juin 2016
Mélanie Rouiller
2015
Nuithonie
JANET ET BERNARD BAILLY EXPOSENT LEURS PAYSAGES
TRES PRESENTS dernièrement aux cimaises des musées et des galeries – notamment en octobre à Charmey avec leurs toiles dédiées à la Jogne -, Janet et Bernard Bailly exposent jusqu’au 8 mars à Nuithonie, à Villars-sur-Glâne. On pourra y découvrir une trentaine de leurs tableaux, une douzaine de grands formats de Bernard Bailly et une quinzaine de formats moyens réalisés par son épouse Janet. De splendides paysages qui se déroulent sous les yeux du visiteur.
Sous le titre « La nature comme décor », ils présentent des œuvres qui touchent presque toutes de près Fribourg. Particularité des deux artistes, ils travaillent dans la nature, à l’instar de leurs prédécesseurs du XIXe siècle.
ANECDOTE AMUSANTE : en août 2013, alors qu’ils étaient en vacances au pays de Galles pour peindre, les deux époux ont croisé l’équipe de tournage du film « Mr Turner », retraçant la vie du célèbre Anglais. Mais sans réaliser ce qu’ils observaient. Ils n’ont fait le lien qu’en voyant les premières annonces du long-métrage. « Nous avons été très impressionné puisque notre démarche s’inspire des peintres du XIXe siècle », sourit Bernard Bailly.
LA LIBERTE
Jeudi 12 février 2015
Tamara Bongard
2015
EIN KüNSTLERPAAR MALT DIE NATUR
Villars-sur-Glâne
Wenn Bernard und Janet Bailly irgendwo durch die Natur streifen, sind sie stets auf des Suche nach Motiven für ihre Kunst: Das Ehepaar hat sich auf die Landschaftsmalerei spezialisiert und zeigt seine Arbeit jetzt im Nuithonie.
Kreative Streifzüge durch die Natur
Das Künstler-Ehepaar Bernard und Janet Bailly aus Tentlingen widmet sich seit Jahren der Landschaftsmalerei. Jetzt zeigen die beiden im Nuithonie in Villars-sur-Glâne ausgewählte Naturansichten aus dem Freiburgerland.
Ob in der Freiburger Unterstadt, im Greyerzbezirk, imEmmental oder irgendwo in Wales: Janet und Bernard Bailly sind stets auf der Suche nach Naturerlebnissen. Auf ihren ausgedehnten Streifzügen durch die Natur finden sie Inspiration für ihre kreative Arbeit: Beide sind Kunstmaler und beschäftigen sich seit einigen Jahren intensiv mit der Landschaftsmalerei.
Einige ihrer Arbeiten zeigen sie jetzt im Eingangsbereich des Nuithonie in Villars-sur-Glâne, in Zusammenarbeit mit dem Berufskünstlerverband Visarte Freiburg. Für die Ausstellung haben sie hauptsächlich Motive aus dem Kanton Freiburg ausgewählt, Grossformate von Bernard Bailly und kleinere Gemälde von Janet Bailly. Die Schau illustriert, wie das Ehepaar zusammenarbeitet: Gemeinsam suchen sich die beiden einen Ort aus, der ihnen gefällt und der sie inspiriert. Dort suchen sie ihre Motive, bauen ihre Staffeleien auf und machen sich an die Arbeit, jedes für sich, aber doch im ständigen Austausch. Zwei, drei Tage hintereinander arbeiteten sie gewöhnlich am gleichen Ort, sagt Janet Bailly. Sie selber stelle ihre Werke dabei grossenteils fertig, während ihr Mann in kleinen Formaten arbeite und seine Grossformate erst zu Hause im Atelier kreiere.
Kräftige und sanfte Töne 28 Acrylgemälde aus den Jahren 2009 bis 2015 sind im Nuithonie zu sehen. Die jüngsten sind eigens für die Ausstellung entstanden, darunter eine Serie, die das Paar im vergangenen Herbst in der Umgebung von Hauterive schuf. «Zwei Wochen lang waren wir bei fantastischem Wetter unterwegs», erinnert sich Janet Bailly. Bei Bernard Bailly lösten die kräftigen Herbstfarben gar einen entscheidenden Wandel aus: «Zum ersten Mal habe ich mich getraut, mit kräftigen Orange- und Gelbtönen zu arbeiten, ohne Angst zu haben, ins Kitschige zu rutschen », so der 65-jährige Berufskünstler und pensionierte Kunstlehrer. In starken Tönen erstrahlt auch eine sommerliche Ansicht der Magdalena- Einsiedelei in Düdingen. Dieses Werk aus dem Jahr 2012 hat Bernard Bailly jetzt mit kräftigem Grün aufgefrischt. Dass der Künstler sich auch auf Grau- und Beigetöne versteht, zeigen winterliche Landschaften gleich daneben.
Alle Jahreszeiten und alle Arten von Landschaften seien ihnen gleich lieb, sagt Janet Bailly. Wichtige Vorbilder seien dabei die Landschaftsmaler des 19. Jahrhunderts. Dazu passt eine Begegnung, die das Paar im Sommer 2013 in Snowdonia im Norden von Wales hatte: Die beiden trafen dort auf ein Filmteam und fanden später heraus, dass es sich um die Dreharbeiten zu «Mr Turner – Meister des Lichts» handelte, der Filmbiografie über den britischen Romantikmaler William Turner, die Ende 2014 in den Kinos lief.
Diesen Sommer zieht es Bernard und Janet Bailly erneut nach England, in die Yorkshire Dales, dieses Mal auf den Spuren des Malers James Ward. Für Janet Bailly ist dies auch eine Rückkehr in ihre Heimat: Die 59-Jährige stammt ursprünglich aus Scarborough in North Yorkshire und folgte einst ihrem ersten Ehemann in die Schweiz. Als alleinerziehende Mutter dreier Kinder studierte sie später in Freiburg Englisch und Französisch und erlangte ein Lehrdiplom. Bis heute unterrichtet sie Englisch am Kollegium St. Michael. Dort lernte sie bei einem gemeinsamen Schulprojekt den Kunstlehrer Bernard Bailly kennen. Beide sind heute in zweiter Ehe verheiratet und leben in Tentlingen.
Programm Vernissage mit Live-Musik
Die Ausstellung von Bernard und Janet Bailly im Nuithonie dauert bis zum 8. März. Morgen Donnerstag findet eine öffentliche Vernissage mit Live-Musik statt (ab 18 Uhr). Es spielt das Jazzquartett Jazzzz… 4 mit Guido Daellenbach, Claude Schneider, Eric Mullener und Denis Pittet, verstärkt mit dem Perkussionisten David Lazo.
Öffnungszeiten: So. bis Fr. 11 bis 15
Uhr und bei allen Vorstellungen.
FREIBURGER NACHRICHTEN
Mittwoch, 4. Februar 2015
Carole Schneuwly
2014
LA JOGNE A TROUVE SES POETES
Le couple de peintres fribourgeois Bernard et Janet Bailly est tombé amoureux de cette vallée gruérienne. Le Musée de Charmey présente actuellement une quarantaine de leurs toiles.
Lui est un professeur fribourgeois d’art visuel fraîchement retraité qui, très tôt, a trouvé son bonheur dans la peinture, réalisant des œuvres quasiment d’art brut en atelier. Elle est enseignante d’anglais qui, depuis toujours, adore l’équitation et les paysages à l’aquarelle «en parfaite Anglaise». Tous deux partagent, depuis 2007, une passion commune de la peinture des paysages du XIXe siècle. «Notre démarche s’inspire des peintres de ce siècle. Ils partaient sur le terrain pour composer leurs tableaux. Comme eux, nous allons d’abord en repérage et si nous trouvons un endroit qui nous inspire les deux, nous y revenons avec nos pinceaux et nos couleurs acryliques.»
Cette démarche, plus si courante de nos jours, a entraîné ce couple de peintres dans la vallée de la Jogne, dont le nom signifie «la rivière froide» en celte. De saison en saison, Bernard et Janet Bailly y ont posé, durant plus de deux ans, leur chevalet pour croquer à même la toile le cours tortueux de cette rivière et les paysages romantiques de cette vallée des Préalpes fribourgeoises. «C’est un véritable plaisir de peindre ainsi, en contact direct avec la nature et les éléments. De pouvoir ainsi sentir le paysage.» Cette communion avec la nature se double d’une belle complicité entre les deux artistes qui installent leurs chevalets l’un à côté de l’autre. «Mais chacun voit le paysage à sa manière. Janet affectionne les espaces, les ciels et les végétaux. Ces toiles respirent le calme et la sérénité, explique Bernard. Moi, mon regard se porte plus volontiers sur le minéral, les roches et les falaises. Mes paysages sont donc plus dramatiques.» Il arrive parfois que les époux peignent à quatre mains. «Sur la toile Im Fang au printemps, je n’arrivais pas à faire les arbres. C’est donc Janet qui les a peints.»
De sa naissance à Jaun aux gorges mystérieuses dans lesquelles l’indomptable cours d’eau se fraie un passage, Janet et Bernard Bailly racontent la vie tantôt douce, tantôt impétueuse de cette rivière qui façonne l’une des plus belles vallées de la Gruyère. «Nous en sommes tombés amoureux!» En eux, la Jogne a trouvé ses poètes.
TERRE ET NATURE
Jeudi 6 novembre 2014
Albert Pauchard
2014
LA JOGNE SOUS TOUTES LES COUTURES
MUSEE DE CHARMEY. Bernard et Janet Bailly exposent leurs toiles placées sous le thème «La Jogne en grand». On suit l’indomptable rivière, les rondeurs et la dureté de la vallée.
La nouvelle exposition du Musée de Charmey fait la part belle à la région. Sous le thème «La Jogne en grand», elle réunit quarante-quatre œuvres de Bernard et Janet Bailly, ainsi que quelques pièces de l’institution réalisées par d’autres artistes sur le sujet. «Nous voulons montrer que ce travail sur la Jogne ne commence pas avec les Bailly mais se poursuit avec eux», a expliqué lors de la présentation à la presse Patrick Rudaz, le directeur du musée. Une présentation effectuée en présence des artistes, intarissables sur leurs créations.
Les époux Bailly sont deux compagnons peintres. «Ils partent dans la nature avec leurs chevalets, toujours ensemble», indique Patrick Rudaz. Très peu de tableaux ont été réalisés d’après photographies, seulement quand les sujets se trouvaient trop en altitude. «On est sur le geste artisanal de la tradition du XIXe siècle. Cette peinture se revendique du réalisme. Les volumes et la lumière y sont capitaux», poursuit le directeur du musée. La rencontre de Janet et de Bernard en 2007 a d’ailleurs influencé la manière de peindre de chacun. Elle, qui raffolait des paysages à l’aquarelle et lui, qui réalisait des œuvres quasiment d’art brut, se retrouvent désormais à croquer des paysages à la peinture acrylique.
LA DURETE ET LA DOUCEUR
Le parcours muséal débute avec des tableaux consacrés à Jaun, soit «le ruisseau froid» en celte, qui, une fois francisé, a donné son nom à la Jogne. Si les deux époux peignent l’un à côté de l’autre, ils ne voient pas la même chose. Bernard s’intéresse aux endroits cernés, définis, aux minéraux, créant des ambiances dramatiques. Alors que Janet ouvre les paysages, les ciels, s’approche des plantes, entourant ses tableaux de calme et de sérénité. Si on n’aperçoit jamais d’être vivant sur leurs œuvres, on y voit cependant la main de l’homme: dans les alpages, les chalets, les routes, les interventions sur les rivières. Une salle est réservée aux tableaux très grands formats. Devant ces «morceaux» de peinture, où les couches de matériaux s’empilent à la spatule, au pinceau ou sous l’effet dripping si cher à Jackson Pollock, on se sent plongé dans les gorges de la Jogne, indomptable. Impressionnant.
BUCHS, BARONCELLI, GREMION
Fait rare, aussi, il arrive que les époux travaillent à quatre mains. Dans le tableau «Im Fang au printemps», Bernard a demandé à Janet de réaliser les arbres. «Mais je signe le tableau, je ne le lui donne pas», a plaisanté l’artiste, faisant rire son épouse. Les visiteurs verront aussi le Motélon, le lac de Montsalvens. Avant de terminer littéralement dans les choux, avec des portraits de ces légumes. Parallèlement à ces tableaux réalisés ces dernières années et constituant une image de la Jogne d’aujourd’hui, le Musée expose d’autres manières d’appréhender la région. A voir ou revoir notamment lesphotographies de Bernard Gremion, l’œuvre de Raymond Buchs (le Hodler de Jaun) ou de Massimo Baroncelli.
LA LIBERTE
Jeudi 23 octobre 2014
Tamara Bongard
2014
LES PAYSAGES DES COMPAGNONS BAILLY
ART. Hier, le Musée de Charmey présentait sa nouvelle exposition: les peintres Janet et Bernard Bailly offrent un regard combiné sur les paysages de la Jogne.
Il y a plus de deux ans, ils ont commencé à venir explorer les prairies charmeysannes et les gorges de la Jogne, armés de leurs carnets de croquis. Janet et Bernard Bailly présentaient hier leur exposition commune au Musée de Charmey. La Jogne en grand, soit 44 tableaux, des paysages longeant le cours d’eau, de haut en bas jusqu’à Broc.
Exploitant une peinture réaliste et naturaliste, Janet et Bernard Bailly renouent avec la représentation de paysages du passé. Elle, Anglaise d’origine, a fait ses armes à l’aquarelle, tandis que lui venait du courant de l’Ecole de Genève. Ils se sont rencontrés autour de la découverte des paysages et de la peinture du XIXe siècle, en 2007.
BALADES INSPIREES
«Nous allons en repérage ensemble, en prenant des cartes, on explore jusqu’à trouver un endroit qui nous inspire les deux», raconte Janet Bailly.
Sur le terrain, deux chevalets côte à côte: le couple de peintres contemple la même nature, mais avec deux paires d’yeux différents. «En général, Bernard se focalise davantage sur la roche, le minéral et les falaises, explique Janet Bailly. Tandis que moi, je suis plus attirée par les végétaux et les espaces aériens.» Deux regards sondant les contrées charmeysannes, desquels transparaissent des sensibilités différentes, l’une plus dramatique, l’autre plus sereine. «A vous de voir laquelle est à qui», glisse Bernard Bailly.
LA GRANDE NATURE
Complémentaires, les deux peintres collaborent parfois sur des toiles réalisées à quatre mains. «Par exemple sur ma toile intitulée Im Fang au printemps, je n’arrivais pas à faire les arbres. C’est donc Janet qui les a peints», commente Bernard Bailly.
Dans la salle à l’étage, il laisse exploser son coup de pinceau habitué au grand format. Il plonge le visiteur dans les eaux de la Jogne, où l’ombre et la lumière imprègnent la rétine, la fraîcheur de la nature s’invite sur les toiles.
La balade continue avec le style plus doux de Janet Bailly, qui s’est néanmoins découvert une affection pour le contraste et le coup de pinceau plus nerveux. Le parcours se termine à Broc, sur les ruines de Montsalvens. Au final, pas de courbatures aux jambes, mais une impression de s’être promené, à travers le regard des deux compagnons, entre humilité, fidélité et sensibilité.
Musée de Charmey, du dimanche 19 octobre au dimanche 23 novembre.
LA GRUYERE
Samedi 18 octobre 2014
Josette Seydoux
2014
LES ATELIERS DE GRAVURE DU COLLEGE ST-MICHEL ET LES ARTISTES FRIBOURGEOIS
Bernard Bailly vient de prendre sa retraite. C’est l’occasion de rappeler ce qu’a été l’aventure des ateliers de gravures du Collège St-Michel et les liens tissés avec nombre d’artistes fribourgeois.
UN COURS A OPTION INTERDISCIPLINAIRE
En 1993 s’ouvre à St-Michel un cours à option, interdisciplinaire, offrant aux étudiant(e)s une formation de base, théorique et pratique, en deux domaines des arts visuels : la gravure et la sculpture. Partant du principe que l’œuvre d’art présuppose une approche interdisciplinaire, - jugement de goût, connaissances historiques, connaissance des formes, savoir faire -, Bernard Bailly, professeur d’arts visuels et moi-même, professeur de philosophie et d’histoire de l’art proposons aux étudiant(e)s des éléments d’histoire de l’art et d’esthétique relatifs à la gravure et à la sculpture, des ateliers dans lesquels on pratiquerait diverses techniques de la gravure et de la sculpture, des visites d’ateliers d’artistes fribourgeois et d’expositions. Le projet est un peu fou, sa réalisation présuppose l’achat de diverses presses, outils, l’occupation de locaux du Collège inexploités jusqu’alors, la collaboration d’artistes-artisans qui offriront souvent au collège savoirs-faire, machines et matériel indispensables (en don ou en prêt). A la fin de l’année, non seulement le pari est gagné mais chacun d’entre-nous s’est enrichi. Le professeur de philosophie et d’histoire de l’art a appris combien le passage par l’activité manuelle est important dans la compréhension et l’appréciation des œuvres, le professeur d’arts visuels inscrivant désormais son travail dans une continuité historique est devenu un passionné de l’approche réflexive des œuvres, si bien que, à la fin de l’année, nous pouvions presque échanger nos rôles respectifs. Non seulement nous anticipions sur ce qu’allait être la réforme de la maturité fédérale, posant quelques jalons pour la future option spécifique arts visuels mais nous mettions nos élèves en relation avec l’extérieur et les artistes fribourgeois et faisions venir ces derniers à l’intérieur de l’école. Au moment où ses ateliers, pour des raisons certainement compréhensibles, sont en train d’être dispersés, le rappel de cette épopée me semble bienvenu.
DES ATELIERS DE GRAVURE AU SERVICE D'ARTISTES FRIBOURGEOIS
Après la fermeture des ateliers lithographiques Robert, Yoki, qui y réalisait ses estampes, et d’autres artistes fribourgeois se demandaient comment ils allaient pouvoir continuer à créer ce type d’œuvre. A peu près à la même époque, en 1993, le directeur du CFPS de Seedorf et le responsable pédagogique, André Glardon, eurent l’idée de proposer à leur personnel, pour Noël, une estampe d’un artiste fribourgeois à qui ils confieraient aussi la création d’une œuvre unique pour une salle de l’institution qui porterait désormais le nom de l’artiste. Ayant des liens familiaux avec Yoki et André Glardon, j’ai servi en quelque sorte d’intermédiaire. On a commencé par une technique peu onéreuse, la sérigraphie. Les artistes et nous-mêmes avons fait l’apprentissage de cette technique en compagnie d’un jeune sérigraphiste local. C’est ainsi qu’ont été crées les œuvres de Yoki, Paul Simonet, Jean-Marc Schwaller, Flavio Salsani et Michel Schmidt. L’appétit vient aussi en créant. Bernard Bailly est allé suivre aux Sciernes d’Albeuve un cours de lithographie auprès du peintre animalier et lithographe Dominique Cosandey. Nous étions prêts alors pour réaliser le désir de Yoki et de quelques autres artistes : produire des lithographies de bonne qualité artisanale. Jean-Pierre Humbert non seulement nous prodigua ses encouragements mais mit gentiment à notre disposition sa presse lithographique qu’il fallut transporter au 3ème étage du vieux collège et remonter. Nous disposions de pierres lithographiques de l’ancien atelier Robert mises à notre disposition par l’Etat de Fribourg et surtout du savoir faire de Monsieur Bourqui, retraité de l’atelier Robert, qui guida magistralement nos premiers pas alors qu’il était âgé de plus de 80 ans. Une première estampe de Yoki sortit de nos presses, suivie de beaucoup d’autres de lui et d’autres artistes Fribourgeois : B. Deschenaux, R. Schaller, Torock, D. Rey, Marie-Claire Purro, etc. Pour Seedorf, la technique utilisée dépendait du choix de l’artiste. A la sérigraphie et à la lithographie sont venues s’ajouter des eaux fortes (Carol Bailly), eaux fortes et aquatintes (Bernard Bailly), pointes sèches (Odile Gauthier), techniques que nous pratiquions déjà avec les étudiants de St-Michel.
BERNARD BAILLY, LA CHEVILLE OUVRIERE
L’une des qualités de Bernard Bailly est celle d’un artisan méticuleux capable de partager, avec les autres, son savoir-faire. Cette qualité-là nous allions pourvoir en bénéficier dans une autre forme d’édition. A l’initiative de Casimir Reynaud, grand amateur de poésie, nous avons lancé en 1995 les éditions Belzédicts. L’acquisition d’une presse typographique allait nous permettre non seulement d’imprimer des gravures sur bois mais de faire un réel travail de composition conjuguant l’utilisation de caractères mobiles et l’impression d’œuvres gravées. Ainsi les ateliers du collège réunissaient des gens de la maison et des gens de l’extérieur. Un groupe d’animation réunissant quatre professeurs, C. Reynaud (littérature), B. Bailly (arts visuels), C. Simonet (histoire) et D. Rey (philosophie, hist. de l’art) s’assura la collaboration d’A. Clerc (graveur) et de J.-D. Humbert (poète et critique littéraire) pour publier des œuvres où le texte serait mis en confrontation avec des gravures. Une première publication permit au groupe fribourgeois des professeurs de philosophie d’interroger des membres de la société civile sur la place que devait prendre la philosophie et ce que devait être son enseignement. Cinq artistes (Carol Bailly, Jacques Cesa, Françoise Emmenegger, Odile Gauthier et Daniel Savary) créèrent à cette occasion une estampe originale apportant aux contributions de vingt acteurs de la vie fribourgeoise une arabesque contrapuntique bienvenue. Suivirent une présentation des graveurs fribourgeois, des textes de poésie, et des textes romanesques illustrés par des gravures d’André Clerc, Casimir Reynaud, Bernard Bailly, Michel Gremaud, Martin Thönen, Lucien Martini, Vincent Ottiger, et André Sugnaux. La rencontre d’animateurs d’ateliers et d’artistes à la personnalité forte provoqua parfois des étincelles, voire quelques ressentiments. Mais cela n’enlève rien à la valeur de l’entreprise. Nous avions eu un illustre prédécesseur qui se heurta lui à la non reconnaissance des autorités culturelles vaudoises. Il finit par fermer boutique et nous léguer ce qui restait des éditions PAP ainsi que sa presse typographique. Ainsi notre patrimoine s’est-il quelque peu élargi.
Avec la retraite de Bernard Bailly, une page se tourne. Les acteurs de cette aventure sont désormais tous à la retraite ou malheureusement décédés. Il ne faudrait pas cependant que le Collège St-Michel renonce à l’héritage. La récente création de La culture à St-Michel, association des anciens et anciennes désirant soutenir les étudiants d’aujourd’hui est peut-être l’occasion de revitaliser ce patrimoine.
LE MESSAGE DU COLLEGE
Collège Saint-Michel Fribourg, automne 2014
Dominique Rey
2013
SIE HALTEN LANDSCHAFTLICHE REIZE FARBLICH FEST
Murten / Mit der Wechselausstellung «An den Ufern des Murtensees: einst und heute» hat das Museum Murten letzten Samstag die neue Saison eröffnet. Die Exposition zeigt die faszinierende wie inspirierende Begegnung des Künstlerpaars Bernard und Janet Bailly mit den Werken des Landschaftsmalers Alfred Rehfous (1860–1912).
Die Werke auf Leinwand bestechen durch ihre Lebendigkeit, geben die Wildheit und zugleich Ruhe am Ufer des Murtensees in intensiven Farben wieder. Sie verleiten den Betrachter zum stillen Beobachten, Geniessen oder «Werweissen» über den Ort des Geschehens. Und zaubern ihm dann ein Lächeln aufs Gesicht, wenn er etwa den Grengspitz oder sein Wahrzeichen, die stolzen Pappeln, erkennt. «Wir haben uns bewusst auf die Natur konzentriert und wollten kein Statement zur baulichen Entwicklung rund um den See geben», erklärt Janet Bailly. Denn nach wie vor gebe es viele unberührte Ecken, «an denen die Magie wahrscheinlich noch dieselbe ist wie vor 100 Jahren», meint die Künstlerin.
Ihre Werke sind Zeitzeugen
Bernard und Janet Bailly stellen derzeit im Museum Murten 40 Werke zum Thema «An den Ufern des Murtensees: einst und heute» aus. Ihre Gemälde beziehen sich auf das Heute. Das Einst hat der Schweizer Landschaftsmaler Alfred Rehfous (1860-1912) festgehalten, der bereits vor einem Jahrhundert verschiedene Ansichten rund um den Murtensees auf die Leinwand brachte. Die Baillys sind per Zufall auf Rehfous aufmerksam geworden: «An einem grauen Sonntag im Jahr 2012 las ich in der Zeitung von einer Exposition in Savièse», erzählt Bernard Bailly. Spontan hätten sie die Ausstellung besucht und dabei auch Werke von Rehfous mit landschaftlichen Szenen aus unserer Region entdeckt. «Das hat uns inspiriert und wir folgten seinen Spuren zu den Ufern des Murtensees», so Bailly. Dass das Museum Murten dem Künstlerpaar gleichzeitig die Gelegenheit bot, ihre Werke im Kontext zu Rehfous Bildern vom Murtensee auszustellen, erachten sie als Glücksfall. «Wir konnten also unser Projekt sofort anpacken und haben die letzten zwölf Monate intensiv daran gearbeitet», sagt Janet Bailly.
Eins mit der Natur
Wie abenteuerlich ihre Einsätze in der Natur waren, können die Besucher auf Fotos ersehen, die neben den Gemälden hängen. Dabei war Bernard Bailly bis 2007 stilistisch eher in der Comic-Kunst zu Hause. «Bis Janet mich dann vor fünf Jahren in die Natur entführt hat and wir gemeinsam begannen, Landschaften zu malen», verrät er schmunzelnd. Manchmal arbeiten die beiden Rücken an Rücken: So entstehen vom selben Ort zwei Bilder mit unterschiedlichen Ansichten. Er konzentriert sich etwa auf einen Ausschnitt in Lugnorre und malt den Vully mit seinem Keltischen Oppidum. Während sie auf ihrem Bild die Aussicht von Lugnorre auf die verschneiten Freiburger Voralpen festhält. Nicht alle Bilder können an Ort fertiggestellt werden. Die Verbundenheit zur Murtenseeregion verspürt Bernard Bailly übrigens seit seiner Jugend: «Ich segelte bereits als 18-Jähriger auf den Murtensee», blickt er zurück. Und vor zwei Jahren habe er mit Janet im Schloss Murten den Bund der Ehe besiegelt, sagt er mit einem Lachen. Das Künstlerehepaar lebt in Tentlingen und unterrichtet am Kollegium St. Michael in Freiburg.
DER MURTENBIETER
26.3.2013
Mkc
REINE NATUR UND STILLE AUF LEINWAND
«An den Ufern des Murtensees: Einst und heute» heisst die Wechselausstellung, mit der das Museum Murten die Saisoneröffnet. Werke von Bernard und Janet Bailly sind mit solchen von Alfred Rehfous (1860–1912) unter einem Dach vereint.
Für die beiden Künstler Bernard und Janet Bailly ist die Region Murten mit vielen Emotionen verbunden: «Wir haben vor eineinhalb Jahren in Murten geheiratet», erzählt die Landschaftsmalerin Janet Bailly. «Ich und mein Mann waren aber schon früher viel entlang des Murtensees unterwegs. Die reine Natur und die Ruhe gefällt uns», sagt Bailly. Bernard Bailly unterrichtet Kunst am Kollegium St. Michael in Freiburg, Janet Bailly ist ebenfalls Lehrerin am Collège. Ab heute Samstag sind die Werke der beiden Künstler im Museum Murten zu sehen.
«Bernard Bailly hat mich im Juni des vergangenen Jahres kontaktiert», erzählt der Museumsleiter Ivan Mariano. Bailly habe ihm von seiner Idee berichtet, die Landschaft des Murtensees zu malen und diese in einer Ausstellung zusammen mit den Werken des Landschaftsmalers Alfred Rehfous (1860–1912) zu zeigen. «Die Idee hat mich begeistert und ich habe sofort Ja gesagt», erzählt Mariano.
Inspiriert von Rehfous
Auf die Werke von Alfred Rehfous sind die Baillys im Wallis gestossen: «Im Frühjahr 2012 fand eine Ausstellung statt in Savièse. Als wir unter anderen die Landschaftsbilder des Murtensees von Rehfous gesehen haben, hat es Klick gemacht», berichtet Janet Bailly. Sie seien seinen Spuren zu den Ufern des Murtensees gefolgt. «Und da haben wir gedacht, wir brauchen ein grosses Projekt, und mein Mann hat sich an das Museum Murten gewandt.» Das war im Juni des letzten Jahres. Seither hat das Ehepaar Bailly viel Zeit am See verbracht: «Wir haben intensiv gearbeitet. Während den Sommer-, Herbst- und Winterferien haben wir vor Ort Skizzen erstellt.» Danach hätten sie in ihrem Atelier an ihren Landschaftsbildern weitergearbeitet.
Das Ergebnis: Über 40 Werke sind in die Dauerausstellung des Museums Murten integriert. Die Gemälde hängen neben Objekten der Dauerausstellung. So kann der Besucher neben Fundstücken aus der Zeit der Kelten ein Werk von Bernard Bailly betrachten, auf dem Bäume mit Mistelzweigen zu sehen sind. Im Dialog mit der permanenten Ausstellung bestechen die Gemälde der beiden Künstler mit Schönheit und Kraft.Ein Raum im Museum steht alleine für die rund acht Gemälde von Alfred Rehfous zur Verfügung. Auf einem seiner Bilder von 1896 ist der Grengspitz zu sehen. Auf einem anderen der Vully, und auch ein Haus in Muntelier hat in die Kunst von Rehfous Einzug gefunden. Das Haus steht heute noch. «Wir werden hier noch eine Fotografie von heute aufhängen, so dass die Museumsbesucher vergleichen können.»
Nach der Rehfous-Ausstellung in Savièse hätten sich einige Leute gemeldet, die ein Werk des Künstlers besitzen. «Vielleicht kommt ja auch in Murten anlässlich der Ausstellung jemand auf uns zu, der im Besitz eines Rehfous’ ist», sagt Mariano. Immerhin habe der Landschaftsmaler einige Zeit in Murten verbracht.
FREIBURGER NACHRICHTEN
Samstag, 23. März 2013
Etelka Müller
2013
MORAT
LES RIVES DU LAC
Peintres de paysage, Bernard et Janet Bailly exposent au Musée de Morat leurs regards croisés sur les rives d’aujourd’hui. Cependant que le musée accroche, dans une petite salle, quelques œuvres d’Alfred Rehfous (1860-1912) qui, lui, s’attacha plutôt au plan d’eau du lac avec le mont Vully à l’horizon.
Le couple Bailly a choisi de suivre les traces d’Alfred Rehfous, formé à l’Ecole des beaux arts de Genève par Barthélemy Menn, grand maître de la peinture de paysage en Suisse. Bernard Bailly, formé à Genève, lui aussi, s’inscrit dans le même courant. Une passion qu’il a transmise à Janet son épouse anglaise.
L’accrochage moratois mêle leurs œuvres. Généralement de grands formats où l’on peut apprécier l’approche presque intimiste de Bernard Bailly qui se niche dans les végétaux lacustres pour planter son chevalet et peindre ce qui l’entoure. On est dans l’eau, mais dans un monde de souches, de roseaux et de troncs tortueux qui se mêlent aux cailloux dans un clapotis presque imperceptible. L’artiste souligne les contours de ces espaces secrets des bords du lac. Janet Bailly travaille à l’acrylique, elle aussi. Elle appréhende le lac plus en profondeur, même si elle opte pour la même technique des pieds dans l’eau. Les nuages traversent ses ciels.
Répartie sur 4 étages l’exposition montre une quarantaine de toiles à la découverte des rives du lac.
LA LIBERTE
Jeudi 28 mars 2013
Monique Durussel
2013
DEUX PROMENADES SUR LES RIVES DU LAC DE MORAT
Deux promenades sur les rives du lac de Morat: une en compagnie d’Alfred Rehfous (1860-1912) et une avec Janet et Bernard Bailly, un couple d’artistes-peintres contemporains qui exerce non seulement la même profession d’enseignant au même institut à Fribourg mais qu’on rencontre aussi autour du lac de Morat à la chasse aux sujets idylliques.
Les trames techniques et modèles de leurs travaux respectifs sont presque identiques. Leurs toiles grands formats ont capturé à coups de pinceaux vigoureux et de couleurs intenses la nature intacte de coins inconnus dans ce paysage lacustre unique.
Le visiteur du Musée et de ses trésors est certainement amené à penser que dans ces recoins paradisiaques reproduits par les artistes, des témoins d’une ancienne civilisation palafitte attendent d’être découverts.
L’exposition est harmonieuse et bien structurée ce qui permet de constater d’importants contrastes dans la comparaison des paysages. Les tableaux délicats au dessin filigrane d’Alfred Rehfous et les impressions hautes en couleurs de Janet et Bernard Bailly décrivent peut-être les mêmes paysages mais transmettent des caractéristiques différentes. Ce sont là des émotions ressenties d’une autre manière et transcrites autrement. Cette vision des choses est attirante et intéressante aux yeux du visiteur, la comparaison directe n’étant pas l’objet de la visite.
L’exposition au Musée de Morat est un événement pour tous les amoureux de la nature et des Trois-Lacs.
leLac
Mardi 2 avril 2013
Pierre Keller
2010
DE TRÈS GRANDS PAYSAGES
BERNARD BAILLY AVAIT ENVIE DE PEINDRE DES PAYSAGES.
IL ACCROCHE SES GRANDS FORMATS À LA GALERIE PLEXUS.
DE BELLES SURPRISES
La galerie Plexus accueille les derniers travaux de Bernard Bailly, de grands paysages pour la plupart fribourgeois. Un changement important dans la carrière de l’artiste fribourgeois qui, après ses grandes fresques colorées proches de la BD, travaille désormais sur le terrain. Des dessins et des aquarelles qui donneront naissance à ses grandes acryliques sur toile. «Pour les toiles de taille moyenne, je pose mon chevalet dans le paysage. L’émotion est différente et ça vibre autrement sur la toile», constate Bernard Bailly.
S’IL DEVAIT SE RÉCLAMER D’UNE FILIATION FRIBOURGEOISE, CE SERAIT SANS DOUTE YOKI
Le peintre parle d’une nouvelle naissance à 61 ans. Il ose enfin le paysage. Mais, comme John Constable et Peter Doig, il travaille en grand (entre 1,5 et 3m2) pour donner au paysage ses lettres de noblesse «parce que le paysage n’est pas un art mineur», affirme-t-il en se réclamant des maîtres de la peinture à Genève, à commencer par François Diday, Alexandre Calame, Barthélemy Menn, Ferdinand Hodler... Il se sent dans la même veine qu’Edouard Vallet, Edmond Bille ou Albert Chavaz qui firent la renommée de l’école de Savièse.
DES CAMAÏEUX DE VERT
«J’ai aussi appris à ne plus trop colorer mes fonds. Ça me complique trop le travail. Maintenant mes couleurs sont celles de la terre. Il me reste encore des touches fauves et impressionnistes: mes fonds toujours colorés. J’emploie toujours beaucoup de matière. J’en ai besoin pour le relief. Autant des premiers plans que du sujet traité». Et Bernard Bailly avoue que la nature l’inspire. Il est à l’aise et dit tout son plaisir de travailler in situ. Plus à l’aise avec de grandes futaies qu’il traite avec brio que lorsqu’il s’impose un site bâti où la précision l’agace un peu.
Aux cimaises de la galerie Plexus, il montre une belle série de dessins, quelques aquarelles et ses paysages. Il dit encore que s’il devait se réclamer d’une filiation fribourgeoise, ce serait Yoki dont il apprécie et connaît la construction paysagère, ayant réalisé ses dernières lithographies. Il montre d’ailleurs un lac de Seedorf à l’été finissant particulièrement lumineux. Même belle surprise avec son lac de Pérolles ou encore le dégel au Lac-Noir et les Gastlosen au soleil du matin.
LA LIBERTE
Jeudi 14 octobre 2010
Monique Durussel
2008
LES FANTASMES DE BERNARD BAILLY
Le peintre expose, pour deux jours seulement, une cinquantaine de peintures et d’aquarelles à l’Atelier Galerie Contraste. Deux longs cycles narratifs expressionnistes où se collisionnent les images du monde et les rêves hallucinés.
Comme une bande dessinée sans grille.
Exposition : Bernard Bailly expose pour deux jours de longs cycles de peinture : « Abandon et reprise », suivi de « Leçons ». Une figuration narrative explosive.
Né à Genève eh 1949, où il a suivi l'Ecole supérieure d'arts visuels, Bernard Bailly enseigne les arts plastiques au Collège Saint-Michel de Fribourg. Graveur jusqu'en 2003, il a fait le saut de la peinture et de la couleur cette année-là, réalisant des séries de grands tableaux où l'actualité du monde, les informations glanées dans la presse, la BD et les fantasmes s'agencent en de grandes compositions telles des planches de BD dont on aurait fait disparaître les grilles.
Comme dans certaines tapisseries médiévales, la narration se trouve précipitée dans un tourbillon où le spectateur est invité à recomposer une émotion, un enchaînement visuel. Ce week-end Bernard Bailly montrera succinctement 36 peintures et des aquarelles -réalisées, elles, sur le motif - à l'Atelier Galerie Contraste de Fribourg.
Couleurs explosives
On pourrait prêter à Bernard Bailly les propos de Bernard Rancillac, quand le peintre français tenant de la Figuration narrative déclarait: «L’Histoire chaque matin me rattrape de sa horde d'événements sauvages et sanglants. On ne peut peindre que sur le canevas de ses émotions personnelles, de ses hantises, de ses angoisses.» L’Histoire, au sens du défilement de l'actualité, est bien présente dans les tableaux de Bernard Bailly. On y croise aussi bien Bill Clinton que Joseph Deiss. Mais dans ce monde que l'artiste dénonce comme de plus en plus marchandisé, le continent noir de l'intime s'étend, s'immisce, alignant ses allégories, ses fantasmes et des figures semblant sortir de rêves plus ou moins hallucinés.
Expressionnisme inspiré par Max Beckmann, figures souvent soulignées d'un trait noir plus ou moins gras, couleurs explosives: la peinture de Bernard Bailly affirme sa matérialité, son dynamisme, la construction patiente des compositions jusqu'au bouillonnement. Dans son minuscule appartement atelier à Fribourg, Bernard Bailly ne s'en cache pas: avec cette exposition, il revient de loin. Blessé dans sa vie personnelle, il a du coup modifié plusieurs anciens tableaux avant de rebondir et d'achever ce cycle. D’où le titre « Abandon et reprise ».
«Au premier degré, ce titre donne les étapes de la réalisation d'une oeuvre. La création d'une oeuvre est une aventure: aventure en cours lorsque la toile est en travail sur le chevalet, aventure abandonnée lorsque la toile est déposée dans un coin de l'atelier et aventure reprise lorsque la toile est à nouveau sur le chevalet.»
Une aventure à découvrir brièvement donc, ce week-end. Mais Bernard Bailly entend à l'avenir donner plus de visibilité à son art, à ce qu'il appelle «la provocation de la figuration». Dans ce but notamment, il vient de constituer avec Michel Cotting et Patrice Morard le collectif Bô*, un nouveau groupe de peintres se présentant comme expressionnistes à Fribourg.
Ve 16 à 20 h, sa 10 à 17 h, Fribourg Atelier Galerie Contraste, ruelle des Cordeliers 6. Vernissage le vendredi. Animation jazz le samedi dès 17h.
LA LIBERTE
Mercredi 21 mai 2008
Jacques Sterchi
2007
FESTIVAL POUR LES ARTS D'ICI
Le Poisson rouge, collectif d'artistes, a trouvé au Werkhof un lieu idéal pour son quatrième festival d'arts visuels. Sur près de 800 m2, 53 peintres, sculpteurs, vidéastes ou photographes, renommés ou débutants, présentent un panorama de la création dans le canton.
Cinquante-trois peintres, sculpteurs, vidéastes, photoqraphes ou créateurs d'installations participent à cette exposition, qu'ils soient débutants ou confirmés
Après avoir exposé à Marly, le Poisson rouge a pu réaliser un rêve vieux de trois ans: ce collectif d'artistes a investi le Werkhof, à Fribourg,:pour son quatrième festival d'arts visuels. Cinquante-trois peintres, sculpteurs, vidéastes, photographes ou créateurs d'installation y participent, qu'ils soient débutants ou confirmés. Fribourgeois pour la très grande majorité. Tout en restant ouvert sur l'extérieur, «l'idée est de montrer les artistes d'ici, qui ont peu de lieux pour exposer» , explique Augustin Pasquier, membre du comité du Poisson rouge.
Le Werkhof, c'est «le lieu idéal pour une telle exposition; poursuit- il. Il permet aussi de casser le côté élitaire des musées.» Vrai que l'endroit paraît peu conventionnel, avec sa toiture digne d'une cathédrale; son sol de chantier, par endroits recouvert de sable. Sans oublier les courants d'air et les traces de son histoire, murs de molasse et poutres calcinées… Ici, les oeuvres dialoguent avec les murs, mais aussi entre elles: «C'était un principe d'accrochage, indique Augustin Pasquier. Nous avons essayé de juxtaposer des oeuvres différentes, qui se confrontent et créent des contrastes intéressants.»
EN RESONANCE
C'est le cas, par exemple, des trois fusains de Guy Oberson, impressionnants de souffle et de force, qui entrent en résonance avec les sculptures d'Eric Sansonnens, réalisées à la tronçonneuse, dans l'élan du bois. Ou avec les couleurs végétales de Vital Simonet intégrée de manière exemplaire au lieu, l'oeuvre de Camille von Deschwanden constitue un autre temps fort de l'exposition, avec ce papier imposant qui prend des profondeurs inattendues en fonction de l'éclairage.
Bernard Bailly a lui aussi utilisé les spécificités de l'endroit, en plaçant ses toiles vives sur là hauteur. D'autres ont choisi le contraste, comme Yves Marti, avec ses cailloux suspendus; tout de finesse et d'équilibre. Les sculptures de Julien Burgy, de leur côté, mêlent pierre et bois, comme en écho aux murs et aux poutres du Werkhof.
Au fil de l'exposition,on croise des fidèles de Poisson rouge, dont son président, Renato K, aux oeuvres toujours aussi vivantes et colorées. Augustin Pasquier, lui, présente un triptyque (Le pèlerin) qui invite aux interprétations, en mêlant autoportrait, paysage du Gibloux et figures étranges dans la profondeur de la forêt. Un autre triptyque est juxtaposé, celui de la photographe Mélanie Rouiller, animé lui aussi d'un mystère revigorant. De son côté, David Clerc poursuit son passionnant travail géométrique et vaporeux, alors que Bojan Stankovic fait preuve, en trois toiles, d'une belle puissance
STIMULATION
Cette diversité des genres et des styles fait le sel d’une telle exposition: «Nous avons envie de montrer qu'il y a dans le canton un immense potentiel de création» , souligne Renato K. Un potentiel qui passe par l'humour, l’étrangeté ou encore la critique sociale, qu'elle soit en finesse avec l'installation du photographe Bruno Maillard, ou rentre- dedans avec la violente toile antiaméricaine d'Imad Al Kari. C'est aussi l'occasion de rappeler que l'art n'est jamais aussi passionnant que lorsqu'il bouscule et stimule: on s'interroge ainsi avec bonheur devant les photographies de René Bersier; l'installation de Frédéric Marro, celle de Maude Sprumont ou cette femme assise, désabusée, d'Adrian Fahrländer.
Dans les contrastes toujours, à signaler encore les confrontations entre les sculptures de Manfred Zurkinden et de l'atelier Zueri & Breizh de Villaz-St-Pierre (avec en particulier une magnifique ballerine), dont la finesse répond à la pierre de Res Freiburghaus. Le sculpteur, décédé en décembre dernier, avait été membre exposant de Poisson rouge. Hommage lui est rendu à travers trois oeuvres où s'allient pesanteur et légèreté: par la grâce du ciseau de l'artiste, les blocs de pierre semblent prêts à l'envol et prennent ici une poignante force symbolique.
LA GRUYERE
Jeudi 20 septembre 2007
Eric Bulliard
2007
EXPOSITION AU WERKHOF
Les artistes fribourgeois du Poissonrouge
Le festival d'arts visuels du collectif le Poisson rouge en est à sa quatrième édition. Cinquante trois artistes y participent. Au total, 22 peintres, 18 sculpteurs, 13 vidéastes, photographes et créateurs d'installations ont investi le rez-de-chaussée du Werkhof à Fribourg (photo Alain Wicht).
Sur 800 m2 de chantier, les installateurs sont imaginatifs, à l'instar de François Knellwolf, qui a imaginé une énorme boule d'anciens compteurs. L'espace immense accueille sculptures et mobiles, les parois de béton les toiles. Bernard Bailly a créé un quatuor vivant et coloré, Augustin Pasquier un triptyque autobiographique. Au centre: trois oeuvres de Res Freiburghaus à qui le Poissonrouge rend hommage.
«Le projet du Werkhof date de la création de notre association. Il se réalise. C'est heureux parce que le festival est un état des lieux de la création artistique dans le canton», explique Renato K, président du Poissonrouge. «Nous accueillons de jeunes créateurs intéressants. Nous sommes actuellement 89 membres. Le concept des expositions, puis l'accrochage, se réalisent collectivement afin de donner une âme l'ensemble.» Pari réussi avec de belles découvertes, sur trois week-ends, les pieds dans le sable et le nez dans une belle charpente.
LA LIBERTE
Jeudi 13 septembre 2007
Monique Durussel
1999
BELFAUX: Bernard Bailly arbeitet mit der Gravüre-Technik.
14 Künstler stellen derzeit ihre gravierten Werke in der Post-Scriptum-Galerie aus
Freiburger Graveure stellen aus
Belfaux. Noch bis zum 30. Mai stellen 14 Kunstschaffende der Association Belzedicts Fribourg gegen 100 gravierte Werke in der Galerie Post-Scriptum des Künstlers Jean-Marc Schwaller aus.
Bernard Bailly, Gründungsmitglied der Association Belzedicts Fribourg (ABF) und Lehrer für visuelle Kunst am Gymnasium St. Michael, ist an der Ausstellung in Belfaux mit grossformatigen Holzschnitten präsent. Zusammen mit den beiden Künstern und Lehrern Casimir Reynaud und André Clerc gelang es ihm, eine repräsentative Ausstellung mit den gegenwärtig wichtigsten Graveuren zu organisieren. Laut Bailly handelt es sich ausschliesslich um «Graveurs-graveurs», also um Künstler, die die ursprüngliche Gravüre-Technik anwenden. «Graveurs-graveurs» lautet auch der Titel des handgedruckten Ausstellungskatalogs.
Kupfer, Stahl, Holz, Linol
Eindrückliche Beispiele sind die Stahlstich-Drucke des 89jährigen Léon Verdelet. Der gebürtige Pariser lebt heute in Bulle. Seine photographisch genauen Bilder von Freiburger Landschaften sind wahre Kleinode der Gravürekunst. «Von der Technik und Präzision sind diese Darstellungen als Vorläufer der Photographie anzusehen», meint André Clerc. Marzia Fasel, Schülerin von Léon Verdelet, stellt mit «Donna 1-5» gekonnt das weibliche Element dar. Eindrucksvoll ist ein Selbstbildnis.
Bernard Bailly ist glücklich, dass die Miniatur-Farbstiche von R. Agass Baumgartner ausgestellt werden können. Baumgartner entwickelte eine Drucktechnik die es es erlaubt, mehrere Farben auf einmal zu drucken. Von Bailly selber sind drei Holzschnittdrucke in Plakatgrösse zu sehen, eine Komposition aus dem beruflichen und familiären Umfeld.
Casimir Reynauds Holzschnitte bestechen durch eine freie und ungebundene Führung von Messer und Stichel, mit denen er eine bewegungsreiche Formenvielfalt erzeug. Die Menschen in den Holzschnitten von André Clerc leben in Spannnung, leiden oder widerstehen unmenschlichen Lebenssituationen. Benoît Deschenaux behandelt in seinen Werken das Thema Klonen wie das geklonte Schaf Dolly. Andererseits setzt er mit der Monotypie-Technik die Vervielfältigung des Schafes in einzelnen Druckgängen auf dem Papier auch technisch um. Dabei verwendet er auch Plexiglas.
Sandro Godel aus Domdidier zeigt modern gestaltete Collagen. Er arbeitet mit der Aquatinta-Technik und «pointe sèche» auf Japanpapier. Mit derselben Technik schafft Josiane Guilland aussagestarke Bilder. Märchenhaft macht Jean-Pierre Humbert seine Gedankengänge zu Bildem, teilweise mit gespenstischer Wirkung.
Bewegung und Farbe
Vital Simonet arbeitet mit Linol und Farbe. Mit seiner Trilogie «Carnaval» gibt er die fastnächtliche Spannung in der Masse wieder. Gefühle von Beklemmung und Neugier wecken .die Gravüre-Bilder von Claire Zahnd. Ein schönes Beispiel ihrer Holzschnittechnik ist das kalligraphische Objekt mit arabischen Schriftzeichen.
Die Bildabfolge «Zia Dolinda» von Jacques Cesa ist eine Charakteren-Darstellung, die an die Tradition der Menschendarstellung mittels des Holzschnittes anschliesst. Auch Jean-François Devaud nimmt den Menschen zum Hauptthema. Mit seinen unglaublich feinstrichigen Gravüren «Naissance» oder «L'Entretien» macht er die Fäden sichtbar, welche Menschen verbinden.
Galerie Post-Scriptum, Belfaux: Bis und mit 30. Mai. öffnungszeiten: Freitag und Samstag 14 bis 18 Uhr. Sonntag 14 bis 17 Uhr.
BZ BERNERZEITUNG
Freitag, 30. april 1999
Anton Burni
1996
LES REFEXIONS D'UN PEINTRE
BERNARD BAILLY PASSE AUX "TABLES DES MATIERE"
UNE MEDITATION DU REGARD
La deuxième parution des toutes récentes Editions fribourgeoises Belzedicts met des mots dans la peinture. Après "La philosophie et son enseignement", la nouvelle enseigne (dirigée par quelques professeurs du Collège St-Michel) accueille les réflexions du peintre Bernard Bailly "Tables des matières".
Le bref ouvrage, sous originale couverture illustrée d'une sérigraphie de l'auteur, est un lent propos sur la pratique de peindre. Sur grandes et belles pages, dans une présentation graphique qui rehausse le plaisir de la lecture et lui donne son rythme, ce "discours-installation" s'ouvre sur la phrase de John Cage: "Je n'ai rien à dire et je le dis". La proposition ne tient pas de la provocatrice chiquenaude. Elle est à lire, très concrètement, dans le cheminement du peintre. "Le peintre sait ce qu'il ne veut pas dire mais il ne sait pas encore ce qu'il va dire". Peignant, il va déployer "des stratégies de dérive et de déroute qui donnent au détour de la valeur".
Cette pratique dans le détour, qui relègue le motif, est éloge de la matière. Bernard Bailly la célèbre dans les palettes, les plateaux épais, les papiers peints. Et les livres compagnons de parcours, ceux qu'en ce livre il cite et qui sont ceux qu'il illustre, en leur table des matières, de croquis divers.
Autant de manières d'être à la peinture et d'en parler. C'est-à-dire de réfléchir à son action. Dans un regard oblique où paraissent les gestes du peintre. Ces gestes et leur sens, où encore et à nouveau l'on s'interroge.
Bernard Bailly, TABLES DES MATIERES, Editions Belzedicts, Fribourg,1995
LA LIBERTE
Samedi 10/dimanche 11 février 1996
Jean-Dominique Humbert
1984
BERNARD BAILLY A LA GALERIE DU STALDEN
CONQUIS PAR L'HERBE
Voici un artiste conquis par l'herbe - oui l'herbe courte aussi dénommée gazon ou verdura communis en mauvais latin - enfin par l'espèce de végétation qui fait vrombir les moteurs des tondeuses dans les quartiers résidentiels de l'Occident tout entier non plus seulement dans les parcs de sa gracieuse majesté dont les "greens" ne furent jamais égalés.
Couché à son niveau, Bailly voit chaque petit brin, le contemple, le photographie, passe au suivant. Au 9999e brin d'herbe, il a rempli la planche qui lui servira à imprimer ses sérigraphies en vert et en couleurs qui deviendront tentures pour maisons modernes où dominent le blanc et le noir.
Mais il prend la plume aussi et le pinceau et l’encre de Chine pour entrer dans les détails. Et c'est alors que l'on constate que chaque brin d'herbe est différent, qu'il est une création à lui seul: qu'il jaillisse comme un fleuret, se courbe sous la bourrasque, s'appuie à l'autre ou confonde son point de départ dans une touffe serrée.
Quelques semences étrangères laissent apparaître parfois d'autres espèces vites englouties, où des murs de briques surgissent, où un grillage où une étrange machine, moteur I, moteur II, tentent leur chance. Gagneront-ils sur le gazon?
Appartement I, II pourrait le faire penser : l'éléphant y joue sur un filin d'acier, les maillons d'une chaîne écrasent ficus et brins d'herbes en arrière-plan. Le regard d'une femme interrogée. Dressé au milieu de l'espace d'exposition, un socle blanc est couronné de gazon. Du vrai qu'on peut toucher manger et tout et tout.
Décidément il est très original, cet artiste. Il ne doit rien à personne ni aux pointillistes ni à Delaunay, ni à Mondrian, ni à Fluxus. Mais vous lui devrez peut-être avoir immortalisé le brin d'herbe quand le béton aura tout envahi. Peut être. Mais c'est loin d'être certain. Allez-y voir.
LA LIBERTE
Samedi 15/dimanche 16 septembre 1984
Béatrice Berset