LA JOGNE SOUS TOUTES LES COUTURES MUSEE DE CHARMEY, réd: Tamara Bongard
- Bernard Bailly, Grands paysages alpins
- 23 oct. 2014
- 2 min de lecture
Bernard et Janet Bailly exposent leurs toiles placées sous le thème «La Jogne en grand». On suit l’indomptable rivière, les rondeurs et la dureté de la vallée.
La nouvelle exposition du Musée de Charmey fait la part belle à la région. Sous le thème «La Jogne en grand», elle réunit quarante-quatre œuvres de Bernard et Janet Bailly, ainsi que quelques pièces de l’institution réalisées par d’autres artistes sur le sujet. «Nous voulons montrer que ce travail sur la Jogne ne commence pas avec les Bailly mais se poursuit avec eux», a expliqué lors de la présentation à la presse Patrick Rudaz, le directeur du musée. Une présentation effectuée en présence des artistes, intarissables sur leurs créations.
Les époux Bailly sont deux compagnons peintres. «Ils partent dans la nature avec leurs chevalets, toujours ensemble», indique Patrick Rudaz. Très peu de tableaux ont été réalisés d’après photographies, seulement quand les sujets se trouvaient trop en altitude. «On est sur le geste artisanal de la tradition du XIXe siècle. Cette peinture se revendique du réalisme. Les volumes et la lumière y sont capitaux», poursuit le directeur du musée. La rencontre de Janet et de Bernard en 2007 a d’ailleurs influencé la manière de peindre de chacun. Elle, qui raffolait des paysages à l’aquarelle et lui, qui réalisait des œuvres quasiment d’art brut, se retrouvent désormais à croquer des paysages à la peinture acrylique.
LA DURETE ET LA DOUCEUR
Le parcours muséal débute avec des tableaux consacrés à Jaun, soit «le ruisseau froid» en celte, qui, une fois francisé, a donné son nom à la Jogne. Si les deux époux peignent l’un à côté de l’autre, ils ne voient pas la même chose. Bernard s’intéresse aux endroits cernés, définis, aux minéraux, créant des ambiances dramatiques. Alors que Janet ouvre les paysages, les ciels, s’approche des plantes, entourant ses tableaux de calme et de sérénité. Si on n’aperçoit jamais d’être vivant sur leurs œuvres, on y voit cependant la main de l’homme: dans les alpages, les chalets, les routes, les interventions sur les rivières. Une salle est réservée aux tableaux très grands formats. Devant ces «morceaux» de peinture, où les couches de matériaux s’empilent à la spatule, au pinceau ou sous l’effet dripping si cher à Jackson Pollock, on se sent plongé dans les gorges de la Jogne, indomptable. Impressionnant.
BUCHS, BARONCELLI, GREMION
Fait rare, aussi, il arrive que les époux travaillent à quatre mains. Dans le tableau «Im Fang au printemps», Bernard a demandé à Janet de réaliser les arbres. «Mais je signe le tableau, je ne le lui donne pas», a plaisanté l’artiste, faisant rire son épouse. Les visiteurs verront aussi le Motélon, le lac de Montsalvens. Avant de terminer littéralement dans les choux, avec des portraits de ces légumes. Parallèlement à ces tableaux réalisés ces dernières années et constituant une image de la Jogne d’aujourd’hui, le Musée expose d’autres manières d’appréhender la région. A voir ou revoir notamment les photographies de Bernard Gremion, l’œuvre de Raymond Buchs (le Hodler de Jaun) ou de Massimo Baroncelli.
LA LIBERTE
Jeudi 23 octobre 2014
Tamara Bongard