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LES ATELIERS DE GRAVURE DU COLLEGE ST-MICHEL ET LES ARTISTES FRIBOURGEOIS, réd: Dominique Rey

  • Photo du rédacteur: Bernard Bailly, Grands paysages alpins
    Bernard Bailly, Grands paysages alpins
  • 15 sept. 2014
  • 4 min de lecture

Bernard Bailly vient de prendre sa retraite. C’est l’occasion de rappeler ce qu’a été l’aventure des ateliers de gravures du Collège St-Michel et les liens tissés avec nombre d’artistes fribourgeois.


UN COURS A OPTION INTERDISCIPLINAIRE

En 1993 s’ouvre à St-Michel un cours à option, interdisciplinaire, offrant aux étudiant(e)s une formation de base, théorique et pratique, en deux domaines des arts visuels : la gravure et la sculpture. Partant du principe que l’œuvre d’art présuppose une approche interdisciplinaire, - jugement de goût, connaissances historiques, connaissance des formes, savoir faire -, Bernard Bailly, professeur d’arts visuels et moi-même, professeur de philosophie et d’histoire de l’art proposons aux étudiant(e)s des éléments d’histoire de l’art et d’esthétique relatifs à la gravure et à la sculpture, des ateliers dans lesquels on pratiquerait diverses techniques de la gravure et de la sculpture, des visites d’ateliers d’artistes fribourgeois et d’expositions. Le projet est un peu fou, sa réalisation présuppose l’achat de diverses presses, outils, l’occupation de locaux du Collège inexploités jusqu’alors, la collaboration d’artistes-artisans qui offriront souvent au collège savoirs-faire, machines et matériel indispensables (en don ou en prêt).  A la fin de l’année, non seulement le pari est gagné mais chacun d’entre-nous s’est enrichi. Le professeur de philosophie et d’histoire de l’art a appris combien le passage par l’activité manuelle est important dans la compréhension et l’appréciation des œuvres, le professeur d’arts visuels inscrivant désormais son travail dans une continuité historique est devenu un passionné de l’approche réflexive des œuvres, si bien que, à la fin de l’année, nous pouvions presque échanger nos rôles respectifs. Non seulement nous anticipions sur ce qu’allait être la réforme de la maturité fédérale, posant quelques jalons pour la future option spécifique arts visuels mais nous mettions nos élèves en relation avec l’extérieur et les artistes fribourgeois et faisions venir ces derniers à l’intérieur de l’école. Au moment où ses ateliers, pour des raisons certainement compréhensibles, sont en train d’être dispersés, le rappel de cette épopée me semble bienvenu.


DES ATELIERS DE GRAVURE AU SERVICE D'ARTISTES FRIBOURGEOIS

Après la fermeture des ateliers lithographiques Robert, Yoki, qui y réalisait ses estampes, et d’autres artistes fribourgeois se demandaient comment ils allaient pouvoir continuer à créer ce type d’œuvre. A peu près à la même époque, en 1993,  le directeur du CFPS de Seedorf et le responsable pédagogique, André Glardon, eurent l’idée de proposer à leur personnel, pour Noël, une estampe d’un artiste fribourgeois à qui ils confieraient aussi la création d’une œuvre unique pour une salle de l’institution qui porterait désormais le nom de l’artiste. Ayant des liens familiaux avec Yoki et André Glardon, j’ai servi en quelque sorte d’intermédiaire. On a commencé par une technique peu onéreuse, la sérigraphie. Les artistes et nous-mêmes avons fait l’apprentissage de cette technique en compagnie d’un jeune sérigraphiste local. C’est ainsi qu’ont été crées les œuvres de Yoki, Paul Simonet, Jean-Marc Schwaller, Flavio Salsani et Michel Schmidt. L’appétit vient aussi en créant. Bernard Bailly est allé suivre aux Sciernes d’Albeuve un cours de lithographie auprès du peintre animalier et lithographe Dominique Cosandey. Nous étions prêts alors pour réaliser le désir de Yoki et de quelques autres artistes : produire des lithographies de bonne qualité artisanale. Jean-Pierre Humbert non seulement nous prodigua ses encouragements mais mit gentiment à notre disposition sa presse lithographique qu’il fallut transporter au 3ème étage du vieux collège et remonter. Nous disposions de pierres lithographiques de l’ancien atelier Robert mises à notre disposition par l’Etat de Fribourg et surtout du savoir faire de Monsieur Bourqui, retraité de l’atelier Robert, qui guida magistralement nos premiers pas alors qu’il était âgé de plus de 80 ans. Une première estampe de Yoki sortit de nos presses, suivie de beaucoup d’autres de lui et d’autres artistes Fribourgeois : B. Deschenaux, R. Schaller, Torock, D. Rey, Marie-Claire Purro, etc. Pour Seedorf, la technique utilisée dépendait du choix de l’artiste. A la sérigraphie et à la lithographie sont venues s’ajouter des eaux fortes (Carol Bailly), eaux fortes et aquatintes (Bernard Bailly), pointes sèches (Odile Gauthier), techniques que nous pratiquions déjà avec les étudiants de St-Michel.


BERNARD BAILLY, LA CHEVILLE OUVRIERE

L’une des qualités de Bernard Bailly est celle d’un artisan méticuleux capable de partager, avec les autres, son savoir-faire. Cette qualité-là nous allions pourvoir en bénéficier dans une autre forme d’édition. A l’initiative de Casimir Reynaud, grand amateur de poésie, nous avons lancé en 1995 les éditions Belzédicts. L’acquisition d’une presse typographique allait nous permettre non seulement d’imprimer des gravures sur bois mais de faire un réel travail de composition conjuguant l’utilisation de caractères mobiles et l’impression d’œuvres gravées. Ainsi les ateliers du collège réunissaient des gens de la maison et des gens de l’extérieur. Un groupe d’animation réunissant quatre professeurs, C. Reynaud (littérature), B. Bailly (arts visuels), C. Simonet (histoire) et D. Rey (philosophie, hist. de l’art) s’assura la collaboration d’A. Clerc (graveur) et de  J.-D. Humbert (poète et critique littéraire)  pour publier des œuvres où le texte serait mis en confrontation avec des gravures. Une première publication permit au groupe fribourgeois des professeurs de philosophie d’interroger des membres de la société civile sur la place que devait prendre la philosophie et ce que devait être son enseignement. Cinq artistes (Carol Bailly,  Jacques Cesa, Françoise Emmenegger, Odile Gauthier et Daniel Savary) créèrent à cette occasion une estampe originale apportant aux contributions de vingt acteurs de la vie fribourgeoise une arabesque contrapuntique bienvenue. Suivirent une présentation des graveurs fribourgeois, des textes de poésie,  et des textes romanesques illustrés par des gravures d’André Clerc, Casimir Reynaud, Bernard Bailly, Michel Gremaud, Martin Thönen, Lucien Martini, Vincent Ottiger, et André Sugnaux. La rencontre d’animateurs d’ateliers et d’artistes à la personnalité forte provoqua parfois des étincelles, voire quelques ressentiments. Mais cela n’enlève rien à la valeur de l’entreprise. Nous avions eu un illustre prédécesseur qui se heurta lui à la non reconnaissance des autorités culturelles vaudoises. Il finit par fermer boutique et nous léguer ce qui restait des éditions PAP ainsi que sa presse  typographique. Ainsi notre patrimoine s’est-il quelque peu élargi.


Avec la retraite de Bernard Bailly, une page se tourne. Les acteurs de cette aventure sont désormais tous à la retraite ou malheureusement décédés. Il ne faudrait pas cependant que le Collège St-Michel renonce à l’héritage. La récente création de La culture à St-Michel, association des anciens et anciennes désirant soutenir les étudiants d’aujourd’hui est peut-être l’occasion de revitaliser ce patrimoine.


LE MESSAGE DU COLLEGE

Collège Saint-Michel Fribourg

automne 2014

Dominique Rey

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