ROMANTISME EN ARBORESCENCE Deux peintres et un poète livrent leurs Histoires d'arbres à la Galerie Cathédrale, réd: Maxime Papaux
- Bernard Bailly, Grands paysages alpins
- 2 juin 2022
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Dernière mise à jour : 24 avr.
Julien Baud, Bernard Bailly et Janet Bailly dépeignent la force évocatrice des arbres en texte et à l'acrylique. Mêlant peinture et poésie, l'exposition Histoires d'arbres se tient en regard de la récente parution du premier recueil publiée par Julien Baud et illustrée par Bernard Bailly aux éditions Le CRIC – avec dix interprétations livrées par Yann Pugin. « Le point de départ du projet a été la parution du texte, Le Magnolia , par Julien Baud dans le Message du Collège [Saint-Michel, ndlr]. Ça a créé le contact et très vite a germé l'idée de transposer sur une exposition. Dans l'intervalle, Julien a continué à écrire en vue de publier un livre. La deuxième étape de la collaboration a ainsi été l'ajout de dessins par Bernard pour illustrer certains textes. On peut ainsi dire qu'il y a deux projets en parallèle », contextualisent les artistes.
Une saveur dix-neuviémiste imprègne les créations du trio dont chacune des regards se traduit à sa manière une fascination toute romantique pour une nature tantôt habillée comme miroir de l'âme, tantôt prise comme lieu d'évasion ou de rencontre avec le sublime. Ainsi, nos promeneurs pas si solitaires nous emmènent-ils au gré de leurs pérégrinations environnementales dans un aller-retour constant entre contemplation et expressivité.
« L'arbre est d'abord objet d'expérience esthétique, puis sujet d'évocation. La nature renvoie à des sentiments très profonds qui sont, pour moi, de l'ordre des questions existentielles », explique Julien Baud. L'esprit vagabond, le regard sensible et le verbe habile de l'enseignant donnent naissance à vingt-huit textes poétiques réunis sous le titre de Mes histoires d'arbres . Les arbres s'y érigent ici en symbole du cycle du vivant, en vestige des temps ou en métaphore de quelque état d'âme, et là en oasis où l'auteur médite dans un hamac aux allures de barque rousseauiste. L'évanescence des illustrations à la mine de plomb semble quant à elle revêt la texture des chansons du poète, dans une heureuse complémentarité.
Autre expression romantique de la nature que celle des deux peintres réalistes. Au rez, les toiles de Janet Bailly détaillées des paysages réalisés en plein air, sur le motif, puis perfectionnés en atelier : « Il y a la pression de travailler vite, pendant trois heures au maximum, car la lumière et les ombres changent. Mais cela donne une énergie, une vitalité et une expressivité aux tableaux », raconte-t-elle. Composé en immersion, le paysage est ressenti et traduit dans toute son atmosphère. Les grands formats de Bernard Bailly occupant quant à eux le sous-sol de la galerie. Leurs couleurs froides, contrastées et saturées donnent aux écorces, souches et arbres une tonalité toute dramatique. L'imprégnation mentale est au cœur de sa démarche mêlant observations sur le terrain et sujets tirés de l'histoire de l'art : Le Chêne et le roseau d'Achille Etna Michallon et celle de l' Arbre tombé d'Alexandre Calame.
Conjointement à cet accrochage, Histoires d'arbres se poursuivent dans la maison d'hôte Blanche-Neige, à Marly, en compagnie de douze autres créateurs. La botaniste Christine Schweizer-Simac animera quant à elle une balade le 11 juin au départ de Blanche-Neige, puis le 18 juin au départ de la Galerie Cathédrale.
Galerie Cathédrale, Fribourg, jusqu'au 25 juin 2022
LA LIBERTE
Jeudi 2 juin 2022
Maxime Papaux