FESTIVAL POUR LES ARTS D'ICI, réd: Eric Bulliard
- Bernard Bailly, Grands paysages alpins
- 20 sept. 2007
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 mars
FESTIVAL POUR LES ARTS D'ICI
Le Poisson rouge, collectif d'artistes, a trouvé au Werkhof un lieu idéal pour son quatrième festival d'arts visuels. Sur près de 800 m2, 53 peintres, sculpteurs, vidéastes ou photographes, renommés ou débutants, présentent un panorama de la création dans le canton.
Cinquante-trois peintres, sculpteurs, vidéastes, photographes ou créateurs d'installations participent à cette exposition, qu'ils soient débutants ou confirmés.
Après avoir exposé à Marly, le Poisson rouge a pu réaliser un rêve vieux de trois ans: ce collectif d'artistes a investi le Werkhof, à Fribourg,:pour son quatrième festival d'arts visuels. Cinquante-trois peintres, sculpteurs, vidéastes, photographes ou créateurs d'installation y participent, qu'ils soient débutants ou confirmés. Fribourgeois pour la très grande majorité. Tout en restant ouvert sur l'extérieur, «l'idée est de montrer les artistes d'ici, qui ont peu de lieux pour exposer» , explique Augustin Pasquier, membre du comité du Poisson rouge.
Le Werkhof, c'est «le lieu idéal pour une telle exposition; poursuit- il. Il permet aussi de casser le côté élitaire des musées.» Vrai que l'endroit paraît peu conventionnel, avec sa toiture digne d'une cathédrale; son sol de chantier, par endroits recouvert de sable. Sans oublier les courants d'air et les traces de son histoire, murs de molasse et poutres calcinées… Ici, les oeuvres dialoguent avec les murs, mais aussi entre elles: «C'était un principe d'accrochage, indique Augustin Pasquier. Nous avons essayé de juxtaposer des oeuvres différentes, qui se confrontent et créent des contrastes intéressants.»
EN RESONANCE
C'est le cas, par exemple, des trois fusains de Guy Oberson, impressionnants de souffle et de force, qui entrent en résonance avec les sculptures d'Eric Sansonnens, réalisées à la tronçonneuse, dans l'élan du bois. Ou avec les couleurs végétales de Vital Simonet intégrée de manière exemplaire au lieu, l'oeuvre de Camille von Deschwanden constitue un autre temps fort de l'exposition, avec ce papier imposant qui prend des profondeurs inattendues en fonction de l'éclairage.
Bernard Bailly a lui aussi utilisé les spécificités de l'endroit, en plaçant ses toiles vives sur là hauteur. D'autres ont choisi le contraste, comme Yves Marti, avec ses cailloux suspendus; tout de finesse et d'équilibre. Les sculptures de Julien Burgy, de leur côté, mêlent pierre et bois, comme en écho aux murs et aux poutres du Werkhof.
Au fil de l'exposition, on croise des fidèles de Poisson rouge, dont son président, Renato K, aux œuvres toujours aussi vivantes et colorées. Augustin Pasquier, lui, présente un triptyque (Le pèlerin) qui invite aux interprétations, en mêlant autoportrait, paysage du Gibloux et figures étranges dans la profondeur de la forêt. Un autre triptyque est juxtaposé, celui de la photographe Mélanie Rouiller, animé lui aussi d'un mystère revigorant. De son côté, David Clerc poursuit son passionnant travail géométrique et vaporeux, alors que Bojan Stankovic fait preuve, en trois toiles, d'une belle puissance.
STIMULATION
Cette diversité des genres et des styles fait le sel d’une telle exposition: «Nous avons envie de montrer qu'il y a dans le canton un immense potentiel de création» , souligne Renato K. Un potentiel qui passe par l'humour, l’étrangeté ou encore la critique sociale, qu'elle soit en finesse avec l'installation du photographe Bruno Maillard, ou rentre- dedans avec la violente toile antiaméricaine d'Imad Al Kari. C'est aussi l'occasion de rappeler que l'art n'est jamais aussi passionnant que lorsqu'il bouscule et stimule: on s'interroge ainsi avec bonheur devant les photographies de René Bersier; l'installation de Frédéric Marro, celle de Maude Sprumont ou cette femme assise, désabusée, d'Adrian Fahrländer.
Dans les contrastes toujours, à signaler encore les confrontations entre les sculptures de Manfred Zurkinden et de l'atelier Zueri & Breizh de Villaz-St-Pierre (avec en particulier une magnifique ballerine), dont la finesse répond à la pierre de Res Freiburghaus. Le sculpteur, décédé en décembre dernier, avait été membre exposant de Poisson rouge. Hommage lui est rendu à travers trois oeuvres où s'allient pesanteur et légèreté: par la grâce du ciseau de l'artiste, les blocs de pierre semblent prêts à l'envol et prennent ici une poignante force symbolique.
LA GRUYERE
Jeudi 20 septembre 2007
Eric Bulliard